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Libération
Reportage

Près de Nice, des chèvres sauvages fusillées, un tennis sécurisé et une maire embarrassée

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La biodiversitédossier
Près du village de Falicon, la présence en haut d’une falaise de trois chèvres et un bouc menaçait de faire tomber des rochers. La maire Anaïs Tosel les a fait abattre avant d’essuyer une vague de critiques d’associations. Sur place, les habitants sont divisés.
Le village de Falicon en 2011. Une association de défense des animaux va porter plainte «pour acte de cruauté», la maire a porté plainte «pour des menaces de mort». (Jean-Michel Emportes /Only France. AFP)
par Mathilde Frénois, correspondante à Nice
publié le 19 octobre 2023 à 7h02

Mais qui a déjà vu les trois chèvres et le bouc de la route du Mont-Chauve ? Derrière chaque interphone, dans l’interstice des portails, à travers les grillages, on répond : «pas du tout», «jamais», «absolument pas». Pourtant ici, les panneaux jaune fluo annoncent que les voisins sont vigilants. Les riverains n’ont jamais aperçu les caprins : les bêtes se cachaient trop bien, là-haut dans la montagne. En revanche, tout le monde a entendu les tirs. Les chèvres ont été abattues le 3 octobre. Une décision de la mairie de Falicon (Alpes-Maritimes) : les animaux menaçaient de faire tomber des roches sur le terrain de tennis. Puis c’est l’emballement : les réseaux sociaux s’enflamment, une association de défense des animaux va porter plainte «pour acte de cruauté», la maire a porté plainte «pour des menaces de mort». A tourner en bourrique.

Les deux courts de tennis de Falicon sont construits à flanc de colline. La terre battue vient lécher la roche, la chaise de l’arbitre fait dos à la falaise. «On a eu la chute d’un rocher en septembre 2022 de plusieurs kilos, rembobine la maire sans étiquette Anaïs Tosel, mimant une sphère plus grande qu’un ballon de foot. Le soir même, nous fermions le tennis club pendant quatre mois pour investir 40 000 euros dans un filet de sécurité.» La parcelle est escarpée, la propriété est privée. Et de petites pierres continuent de tomber. La faute aux infiltrations d’eau, à la verticalité de la roche, au