Dans la salle des «procès hors norme» du tribunal correctionnel de Marseille, les bancs des parties civiles se vident difficilement. Quelques minutes auparavant, ce mercredi soir, la présidente de la sixième chambre a levé la séance pour la dernière fois : «Maintenant s’ouvre le temps du délibéré, a expliqué Céline Ballerini. A partir d’aujourd’hui, cette décision ne vous appartient plus et nous appartient, à nous.» Il faudra attendre le 18 novembre pour connaître l’issue du procès de l’accident de Millas (Pyrénées-Orientales) du 14 décembre 2017. Ce jour-là, six enfants ont trouvé la mort et dix-sept autres ont été blessés, certains très lourdement, dans la collision de leur car scolaire avec un train à hauteur d’un passage à niveau.
Si certains proches des victimes ont suivi le procès depuis une salle aménagée à Perpignan, d’autres avaient choisi de faire le voyage à Marseille pour assister aux débats. Stephan Mathieu préfère attendre le lendemain pour rentrer chez lui, dans l’Hérault, où il a déménagé avec sa femme. «On a besoin de relâcher un peu… lâche le père d’Ophélia, 13 ans, qui n’a pas survécu à la collision. Depuis l’accident, on ne se projette pas dans le futur, il n’y avait que ce procès en vue. La suite, on ne sait pas.» Cela fait maintenant trois semaines que son quotidien est suspendu aux audiences. «Etre loin, à Marseille, c’était plus simple, comme une protection, un bouclier. Ce procès nous a tous regroupés, on