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Libération
Travailleuse du sexe

Prostitution : de la Chine à Belleville, les rêves brisés d’une exilée

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Paris abrite environ 1 500 Chinoises qui vivent de la prostitution. L’une d’entre elles, Mei, 50 ans, a raconté à «Libération» son histoire, son quotidien et ses espoirs.
Des travailleuses du sexe attendant des clients, à Paris, en décembre 2020. (Raphael Kessler/Hans Lucas)
publié le 2 novembre 2022 à 7h41

Mei (1) est une voisine. Elle vit dans le quartier populaire de Belleville, à Paris, connu pour accueillir une population mixte, notamment des Chinois, des juifs et des Maghrébins. Ces dernières années, de jeunes cadres dynamiques sont venus peupler ce coin du XXe arrondissement de la capitale, un phénomène souvent décrit comme une «gentrification» : sous l’impulsion de ces nouveaux résidents, les loyers ont augmenté et des cafés à la déco instagrammable ont poussé au milieu des logements sociaux et des restaurants chinois. A l’angle du boulevard et de la rue de Belleville, les populations s’entremêlent sans trop se calculer. Il y a trois ou quatre ans encore, Mei, comme de nombreuses autres travailleuses du sexe chinoises, attendait près de la sortie du métro que des clients lui fassent un discret signe.

A Belleville, les badauds toisent ces femmes du coin de l’œil avec un mélange de curiosité et d’indifférence, comme si elles faisaient partie d’un décor folklorique. Environ 1 450 prostituées chinoises travaillaient à Paris en 2016, selon les estimations de Médecins du monde. C’est par le biais de l’ONG que Libération a fait