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Rupture

Prostitution : Lyon sur le point d’assouplir la répression ?

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Dans la ville longtemps considérée comme un laboratoire de prohibition en matière de sexe tarifé, la nouvelle municipalité EE-LV devrait revoir certaines règles de l’ère Collomb ce jeudi. Une évolution qui devrait protéger un peu plus les prostituées.
Ce mercredi d’automne, l’utilitaire défraîchi de Claudia côtoie près de 80 véhicules similaires alignés le long des terrains de la Plaine des jeux, à Gerland. (Bruno Amsellem/Libération)
par Maïté Darnault, correspondante à Lyon
publié le 14 décembre 2022 à 19h15

Elle est un «oiseau de jour», dit-elle. Originaire de République dominicaine, Claudia (1) travaille la semaine, de 9 heures à 19 heures. Body rouge, mini-short et perruque noire, la quadragénaire patiente sur le siège passager d’une camionnette. «J’ai fait seulement trois passes ce matin, alors qu’hier, j’ai gagné 420 euros. Pour qu’une journée soit correcte, je dois faire au moins 200 euros», explique celle qui vend «la pipe et l’amour» à 30 euros, la fellation seule à 20 euros. Ce mercredi d’automne, son utilitaire blanc défraîchi côtoie près de 80 véhicules similaires alignés le long des terrains de sport de la Plaine des jeux, à Gerland. Adossée au port fluvial de Lyon, l’extrémité de ce quartier concentre en quelques rues la prostitution de la métropole.

Aujourd’hui, dans le Rhône, le flux de personnes en provenance de Républicaine dominicaine et de Haïti a supplanté la filière nigériane, très active il y a quelques années avant un coup de filet retentissant en juin 2018. Un certain nombre de travailleuses du sexe viennent également de Guinée équatoriale et, dans une moindre mesure, des pays à l’est de l’Europe. A quelques arrêts de métro du centre-ville de Lyon, des femmes, en majorité, exercent leur activité à l’arrière des camionnettes garées rue Jean-Bouin, allée Pierre de Coubertin, avenue Jean-Jaurès et quai Fillon. En fin de semaine,