Il est très attentif au sens des mots. Lui les appelle les «grands brûlés», ces adolescents qui se rebellent plus que les autres et ne supportent plus rien, ni personne. «A peine on les touche, ils s’électrisent, tant ils ont vécu d’épreuves.» Mohamed L’Houssni, 56 ans, a beaucoup à raconter : cela fait bientôt quarante ans qu’il travaille dans le social, auprès des mineurs placés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE). C’est un passionné. De ceux qui trouvent le temps à la fois de lire tous les travaux de sociologie, d’être à l’affût des expérimentations menées à l’étranger, tout en étant dans l’action, auprès des jeunes.
Pendant des années, il a sillonné les foyers et les services de l’ASE, différents d’un département à l’autre : Agen, Reims, Saint-Malo, Besançon… Partout, il a croisé ce que l’administration appelle «les cas lourds», ou «enfants à difficultés multiples». «On essayait de leur trouver des structures pour les accueillir, des solutions mais on ne prenait pas le temps de travailler sur les causes, pourquoi ces fugues à répétition, pourquoi cette violence…» Ces «incasables» flanquent de l’eczéma aux directeurs des établissements, obnubilés par «la gestion du risque».
Interview
Les éducateurs de terrain, comme Mohamed L’Houssni, les voient d