Des salles infectées, des portes condamnées et des professeurs en retrait. Ce jeudi 5 octobre, les professeurs du lycée polyvalent Elisa-Lemonnier, dans le XIIe arrondissement de Paris, ont fait valoir leur droit de retrait après la découverte dans leur établissement de punaises de lit. Auprès de Libé, une des enseignants concernés soupire, dépitée : «On a l’impression d’être de nouveau à l’époque du Covid.»
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D’après elle, l’affaire commence au CDI du lycée. Après y être passée, une élève se serait plainte de piqûres et aurait amené plusieurs adultes à repérer la présence de ces insectes sur des chaises de la salle. Prévenu, le proviseur aurait alors alerté «les autorités compétentes» et aurait fait venir «une équipe avec détection canine» dès le jeudi matin. Les spécialistes auraient alors constaté la présence de cette espèce en pleine prolifération à plusieurs endroits de l’établissement, tels que les loges, le bureau de l’assistante sociale ou certaines salles de travail. Problème : l’intégralité du bâtiment, comptant quelque 1 200 élèves et 200 employés, n’aurait pas été inspectée.
«Le personnel a été mis au courant de la situation ce jeudi matin à 8 heures et a décidé dans la foulée de ne pas rentrer dans le bâtiment du lycée», retrace la professeure. La décision a été prise au cours d’une assemblée générale «assez houleuse», à laquelle 80 professeurs sur les 120 du lycée auraient participé, ainsi que des élèves. «Nous avons fait valoir notre droit de retrait. Tant qu’il n’y a pas de désinfection, on ne souhaite pas reprendre les cours», poursuit l’enseignante.
«On a un peu l’impression qu’on se fiche de nous»
Pas franchement de l’avis du proviseur qui, d’après elle, aurait incité à la reprise des enseignements. «Il a quand même évoqué un «désagrément» alors qu’on entend parler de l’invasion de punaises de lit à la radio du matin au soir, s’agace-t-elle. On a un peu l’impression qu’on se fiche de nous.» Afin d’assurer la continuité pédagogique, les professeurs auraient toutefois suggéré de recourir aux cours à distance. Ils feront une nouvelle assemblée générale vendredi à 8 heures devant le lycée. «Plusieurs parents d’élève m’ont écrit pour me dire qu’ils refusaient de toute façon que leur enfant retourne au lycée tant qu’il n’y aura pas de désinfection», conclut-elle.
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Une désinfection qui, d’après le rectorat de l’académie de Paris, serait en cours. Auprès de Libé, il souligne que le travail de détection a permis de «déterminer des zones précises à traiter ce matin» et que le «traitement a débuté cet après-midi et est circonscrit». Quant au droit de retrait agité par les enseignants, il estime que la situation «ne présente pas de risques majeurs à ce stade».
Dans un message envoyé jeudi après-midi aux enseignants du lycée, dont l’AFP a obtenu copie, le proviseur les informe que «la société qui est intervenue en urgence ce matin pour détecter les punaises de lit a pu traiter en début d’après-midi la loge du lycée», et qu’elle «interviendra ce soir à partir de 18 heures pour effectuer la détection dans l’ensemble de l’établissement». «Demain, les parties contaminées seront fermées en attente d’une désinfection, toutes les parties et salles ouvertes seront disponibles pour accueillir élèves et professeurs», ajoute-t-il, précisant que «l’établissement reste ouvert et chacun est attendu à son poste».
Très médiatisée, la prolifération de punaises de lit en France suscite l’inquiétude depuis plusieurs jours. Dans les cinémas, les TGV, le métro, les aéroports… Les signalements de la présence de ces insectes suceurs de sang se multiplient. Au moins deux établissements scolaires ont été fermés temporairement pour désinfection à Marseille et Villefranche-sur-Saône (Rhône). Une réunion interministérielle à ce sujet est par ailleurs prévue vendredi. Interviewée par le Parisien, la présidente de la région Ile-de-France précise toutefois qu’aucune «campagne massive dans les lycées de la région, au nombre de 469», n’est envisagée. «En revanche, assure-t-elle, nous agissons avec célérité au moindre de signalement.»
Mise à jour à 18h04 : nouvelle assemblée demain et mail du proviseur consulté par l’AFP.