Les larmes sont montées d’un coup. Pourtant, Mariem (1) avait parlé droit et ferme durant près d’une heure, mercredi 18 juin au matin, attablée à un café face à l’université avec ses amies Amina et Sarah (1). Elle avait ri aussi, nerveusement, en racontant ces instantanés de racisme latent trop longtemps accumulés que l’étudiante de 22 ans ne veut plus, désormais, passer sous silence. Mariem l’a écrit dans une lettre adressée la semaine dernière au doyen de la faculté de médecine d’Aix-Marseille, qu’elle fréquente depuis cinq ans : elle est «sous le choc face à une accumulation d’actes et de propos qui gangrènent notre faculté, dans une indifférence institutionnelle qui ne fait qu’aggraver le malaise ressenti par nombre d’entre nous».

Vendredi, c’est au hasard de ses réseaux sociaux que l’étudiante tombe sur un post reprenant une image tirée de la page Facebook de l’association marseillaise pour le critérium. Le «crit», ce sont ces soirées qui réunissent plusieurs fois dans l’année des étudiants en médecine de toute la France. Des soirées où beuverie et allusions sexuelles ou scatologiques marchent souvent ensemble, univers de carabin bourrin vieux comme la fac. Début juin, les Marseillais ont publié le thème choisi pour leur prochaine fête : ce sera «One, two, crit, viva Algérie.» Grosse ambiance en perspective…

Dans la foulée, les publications dégénèrent. De futurs participants changent leur photo de profil en les remplaçant par des images customisées d’ancienn