Après une quinzaine d’heures de traque, l’auteur présumé de l’attentat contre la synagogue de La Grande-Motte avait été interpellé à Nîmes (Gard). Quatre jours plus tard, le parquet national antiterroriste (Pnat) annonce ce mercredi 28 août qu’une information judiciaire a été ouverte, notamment pour association de malfaiteurs terroriste et pour tentative d’assassinat. Le Pnat précise que quatre personnes ont été interpellées mais que la garde à vue de l’une d’elles a été levée le 26 août. «Trois personnes sont présentées au magistrat instructeur cet après-midi : EHK, mis en cause pour l’attentat contre la synagogue ainsi que deux personnes de son entourage, deux hommes, âgés respectivement de 28 ans et de 30 ans», ajoute la même source.
Samedi 24 août, une explosion provoquée par une bouteille de gaz et plusieurs incendies s’étaient déclenchés dans la matinée devant la synagogue Beth Yaacov de La Grande-Motte, une station balnéaire proche de Montpellier, blessant un policier municipal. Peu après minuit, Gérald Darmanin avait annoncé que l’auteur présumé de l’attentat – un Algérien de 33 ans en situation régulière – avait été interpellé par les policiers du Raid, après un échange de coups de feu.
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Le suspect en question, «sans emploi, sans revenu», a déjà été condamné en octobre 2022, pour des faits de conduite en état alcoolique, détaille le Pnat ce mercredi, qui précise qu’il est «inconnu des services spécialisés». Toujours selon la même source, qui cite des auditons mais aussi ses publications sur les réseaux sociaux, «il apparaît qu’EHK s’est radicalisé dans la pratique de sa religion depuis plusieurs mois et nourrit également, de longue date, une haine des juifs, plus spécifiquement focalisée sur la situation en Palestine». Le suspect a «fait part à certains de ses proches de son intention d’aller combattre à Gaza», ajoute le Pnat.
«Des repérages plus ciblés sur la synagogue»
Selon de premières investigations, il résulte que «dans les semaines précédant les faits, EHK avait acquis une arme de poing et procédé à diverses recherches internet sur des synagogues de la région, des fêtes juives et la période du shabat. Il avait enfin effectué des repérages plus ciblés sur la synagogue de La Grande-Motte», poursuit le parquet.
Dans la nuit du vendredi au samedi 24 août, il s’est rendu seul à proximité de la synagogue avec sa voiture, «dans laquelle il dormait une partie de la nuit». Peu après 8 heures du matin, «muni de plusieurs bouteilles en plastique remplies de carburant, d’une hache» et d’une arme de poing, le suspect a escaladé le mur d’enceinte de l’établissement. Il était alors vêtu d’un keffieh et avait un drapeau palestinien attaché à la taille, comme l’ont montré les caméras de vidéosurveillance.
Il a ensuite allumé plusieurs foyers de la synagogue, avant de mettre de mettre le feu à un premier véhicule sur le parking. «Après une trentaine de secondes, il incendiait une paillotte située le long d’un mur du parking et un second véhicule», détaille encore le Pnat. Selon une source proche de l’enquête, les départs de feu avaient alerté les riverains, qui ont appelé la gendarmerie. Plusieurs bouteilles de gaz se trouvaient alors sur le parking, «dont une allait exploser lors de l’intervention des premiers secours, occasionnant de légères blessures à un policier municipal».
Le suspect a reconnu les faits
Après l’attaque, EHK a quitté les lieux avec son véhicule. Mais il aurait été contraint de l’abandonner à quelques dizaines de mètres de la synagogue, y ayant déclenché involontairement un début d’incendie. Grâce à une connaissance, il a ensuite regagné Nîmes et son logement dans l’après-midi, assure le parquet. Lorsque les forces de l’ordre sont arrivées devant son appartement, poursuit la même source, le suspect s’est saisi de son arme de poing – chargée de munitions à blanc – et a tiré «à cinq reprises dans leur direction». Il a été blessé en retour «par un tir de riposte au niveau du bras et du thorax et présentait une plaie au visage consécutive à l’action d’interpellation».
Le suspect, après avoir été pris en charge médicalement, «a reconnu les faits dès sa première audition». Selon le Pnat, «il a expliqué avoir agi pour soutenir la cause palestinienne, contestant toute intention homicide mais concédant avoir eu l’intention de faire peur. Il entendait […] faire réagir les autorités israéliennes».