«On ne peut pas enterrer nos morts.» Depuis une semaine, la même phrase se répète. La même scène aussi. Devant l’ambassade d’Algérie, dans le VIIIe arrondissement de Paris, une cinquantaine de personnes veillent chaque jour devant la grande porte d’entrée, close. Les plus téméraires patientent de 8 heures à 17 h 30 – aux heures d’ouverture – dans l’espoir qu’une personne daigne enfin ouvrir. Ou, au moins, leur répondre.
Toutes doivent retourner urgemment en Algérie, le plus souvent pour enterrer un proche. Jusqu’à fin février, de tels rapatriements étaient possibles car considérés comme motif impérieux pour retourner au pays. Et ce même si, officiellement, l’Algérie a suspendu ses liaisons aériennes et maritimes avec la France depuis le 17 mars 2020. Le rebond épidémique de ces dernières semaines, conjugué à l’émergence du variant anglais, a toutefois compliqué la donne. Pour toute la durée de ce mois de mars, même les vols de rapatriement de ses ressortissants ont été suspendus.
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«On nous a dit de revenir à partir du 1er avril mais depuis, on n’a aucune nouvelle», se désole Ahcene Arab. Ce barman de 48 ans aura occupé le trottoir de l’ambassade toute la semaine. Comme la longue file de personnes qui borde la rue, il se bat pour récupérer une autorisation qui lui permettrait de rapatrier le corps de sa femme, morte le 3 avril en France. Déjà six jours que son corps patiente à la morgue. Ahcene est déboussolé : «Ma crainte, c’est de ne pas pouvoir assister à son