Peu avant que l’avion ne se pose sur le tarmac, une émotion teintée de gravité passe sur le terminal 2E. Silencieux, visages fermés, ce jeudi 12 octobre les proches des rapatriés franchissent un à un le seuil du hall des arrivées, au sein duquel sont disposées des chaises pliantes pour l’occasion. L’attente est longue. La hâte, incommensurable. Bonnet sur la tête et son chien, un coton de Tuléar, assoupi à ses pieds, Haya Dahler prend son mal en patience, la main négligemment posée sur un chariot à bagages vide. «Depuis la nouvelle, je n’ai fait que prier, prier et prier, raconte-t-elle, les yeux embués de larmes. J’ai jeûné pour demander que ma fille aille bien, et je vais attendre qu’elle soit rentrée, en paix, pour manger et lire les psaumes.» Lorsque les premiers bombardements ont retenti samedi 7 octobre, sa fille était en vacances, avec son époux et sa petite de 2 ans, à Netanya, cité balnéaire au nord de Tel-Aviv où habitent de nombreux Français. «Elle m’a appelée le soir même, ils avaient passé la journée dans un abri, poursuit la septuagénaire. Dieu merci, elle n’a rien eu. Mais elle est enceinte. J’espère que toute cette angoisse n’a pas fait de mal au bébé.»
Reportage
Rapatriés français : «On habite en Israël depuis huit ans. On habite ? On habitait ? Je ne sais même plus»
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A l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle jeudi 12 octobre, le premier «vol spécial» affrété par le ministère des Affaires étrangères a ramené dans la soirée en France 391 ressortissants, soulagés et désorientés, encore choqués par les attaques du Hamas.
Arrivée de ressortissants français vivant en Israël, jeudi 12 octobre 2023 à l'aéroport de Roissy. (Abdul Saboor/REUTERS)
Par
Benjamin Soyer
Publié le 13/10/2023 à 8h12
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