Fini de danser. Ce week-end, l’installation d’une rave party à Fontjoncouse dans le massif des Corbières, dans une partie de l’Aude ravagée début août par un vaste incendie, a cristallisé les tensions entre les habitants du coin sinistrés et les fêtards. Les organisateurs de la rave ont entamé ce mardi 2 septembre le démontage de leur installation, sous haute surveillance policière.
Cet après-midi, la musique ne résonnait plus sur le site, mais plusieurs centaines de personnes étaient encore sur place, selon la préfecture de l’Aude, qui avait comptabilisé un pic de 2 500 participants au cours du week-end. «Quatre unités de forces mobiles […] sont en train d’arriver : nous avons donné quelques heures à ces individus pour quitter les lieux, sinon ils seront expulsés», a déclaré mardi le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Lors d’un point presse, le préfet de l’Aude, Alain Bucquet, a indiqué qu’il s’agissait d’une «évacuation sous contrainte sans recours à la force». Il a souligné que de la drogue, des groupes électrogènes et audio, avaient été saisis et que plus de 1 000 fêtards avaient été verbalisés.
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Lundi en fin de journée, CRS et gendarmes avaient dû s’interposer entre des participants à la «Free Party From Dusk Till Dawn» et un groupe d’agriculteurs et de villageois venus avec tracteurs et bulldozer pour les déloger. Il n’y a pas eu d’interpellations ni de blessés, selon les autorités.
Sur une vidéo diffusée par le quotidien local l’Indépendant, on voit, au milieu de cris, un groupe d’hommes avec des bâtons casser des vitres de voitures, puis l’un d’entre eux frapper avec son engin l’un des fêtards. Ces derniers ripostent avec des projectiles qu’ils ramassent par terre.
«C’est déplacé»
«Après les incendies qu’on a connus, les habitants sont à bout de nerfs, on a des gens qui ont tout perdu, et ceux-là qui font la fête au milieu», avait déploré lundi Christophe Tena, le maire de Fontjoncouse, village viticole de 140 habitants. «J’en ai fait des rave, témoignait une habitante de Cascastel, village voisin de Fontjoncouse, auprès de l’AFP. Je n’ai pas de problème avec le bruit, mais il faut faire preuve de compréhension, ce n’était pas le moment, ni l’endroit, il y a une indécence par rapport aux gens qui ont souffert.» Un tel rassemblement «ça abîme encore plus le sol, la faune et la flore, les gens ici sont épuisés, ils ont besoin d’aide pour enlever ce qui a brûlé», poursuivait-elle. «C’est déplacé. On est dans le désespoir complet. C’est lamentable», a regretté pour sa part Fabien Vergnes, viticulteur à Tournissan, un autre village affecté par l’incendie géant.
La rave party avait débuté vendredi soir dans une plaine agricole située entre Fontjoncouse et Coustouge, des villages au cœur d’une zone sinistrée par le gigantesque incendie qui a parcouru 16 000 hectares dans l’Aude du 5 au 10 août, et a notamment détruit 36 habitations et tué une personne. Face à la polémique, Bruno Retailleau annonçait lundi soir sur TF1 son intention de rendre délictuelles les rave parties afin que les organisateurs ne risquent plus seulement des contraventions, mais de la prison, précisant vouloir s’inspirer de la «législation très dure» adoptée il y a trois ans par l’Italie de Giorgia Meloni.