Au fond du hangar rempli de camions poubelles, le vestiaire relâche un à un les travailleurs, en tenue orange pétant. Il est presque 5 heures, bientôt l’heure du départ pour les éboueurs de Dinan Agglomération, dans les Côtes-d’Armor. Les premiers changés attendent le reste de leur équipe, sous un panneau multicolore, dernier vestige des mots doux reçus pendant les confinements de 2020. «Merci les ripeurs», clame-t-il, illustré d’un dessin d’enfant dépeignant deux ramasseurs tout sourire.
«Ici c’est le paradis», ironise l’un d’eux, clope au bec et regard noir, pour expliquer pourquoi on s’est peu mobilisé contre la réforme des retraites dans ce centre. Pas de grève des éboueurs comme à Paris ou Saint-Brieuc : dans cette régie, qui collecte les déchets de quelque 100 000 habitants, seule une poignée de tournées ont été annulées. Pourtant, ils ont eux aussi à redire, lançant des griefs pêle-mêle. «Les gens nous ont remerciés pendant le Covid, mais aujourd’hui ils mettent n’importe quoi dans les poubelles, ils nous klaxonnent…» grommelle un des gars. Etre éboueur, se plaint-il encore, c’est aussi entendre «la mère qui dit à son enfant que, s’il ne travaille pas bien à l’école, il finira comme nous».
«Les épaules qui morflent»
Tour à tour, les camions sortent du hangar. Il y a ceux qui vont sil