A l’écart de l’entrée de la gare de l’Est, Svetlana, 48 ans, serre son petit chien contre elle. Ses yeux suivent la valse des voyageurs qui se pressent ce mardi devant cette gare où des réfugiés ukrainiens arrivent chaque jour en provenance d’Allemagne. Fuyant la guerre depuis Kharkiv, cette vendeuse de parfums a débarqué à Paris après un périple de plusieurs jours à travers la Pologne puis l’Allemagne. Pour finalement revenir sur ses pas : «Nous n’avons eu qu’une nuit d’hôtel à Paris et ensuite, on nous a dit qu’il n’y avait pas de logements pour s’installer. Je vais repartir à Francfort, où j’ai des connaissances.»
Dans sa voix, on devine la lassitude d’un périple qui ne trouve pas sa fin. Sa fille, Tania, yeux bleus soigneusement maquillés, la rejoint, brandissant les billets de train que les réfugiés obtiennent auprès de la Croix-Rouge : «Ils n’ont pas voulu nous trouver un direct, on va mettre plus d’un jour pour arriver.» Tirant sur une cigarette, sa mère reste impassible en regardant les quatre tickets de son aller simple pour la ville allemande et une nouvelle vie.
Une brasserie de la gare à l’odeur de café froid a été reconvertie en lieu d’accueil par la Croix-Rouge, avant une solution d’hébergement ou un nouveau train. L’ambiance y est particulièrement calme. Etrange contraste que de voir des femmes âgées aux visages creusés, accoudées contre le comptoir aux tireuses à bières. Un peu partout, des bagages bariolés s’entassent et des bénévoles s’activent.