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Décompte

Réfugiés ukrainiens: en France, c’est «très compliqué d’évaluer les besoins»

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Pour l’instant, «moins d’une centaine» d’Ukrainiens se sont réfugiés dans le pays, qui a du mal à jauger l’ampleur des moyens à mettre en œuvre.
Collecte de biens de première nécessité, à Paris, mardi. (Stéphane Lagoutte/Myop pour Libération)
par Line Chopin
publié le 1er mars 2022 à 20h30

Près de 700 000 ressortissants ukrainiens ont déjà fui leur pays au cours des six derniers jours, selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés. Combien d’entre eux ont déjà rejoint la France ? «Moins d’une centaine», selon le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Didier Leschi, le directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) estime qu’il s’agira d’un «petit flux» : «Ces personnes vont dans les pays limitrophes de l’Ukraine. Il n’est pas certain qu’elles aient spontanément envie de s’éloigner très loin. Elles cherchent aussi à aller là où elles ont de la famille, des connaissances.»

Or, la diaspora en France n’est pas nombreuse : selon Didier Leschi, le pays ne compte que 18 000 Ukrainiens en possession d’un titre de séjour, contre 236 000 en Italie et 100 000 en Espagne. En 2020, seuls 1 965 Ukrainiens ont déposé une demande d’asile à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), sur un total de 96 424. Leschi évalue le nombre de nouvelles demandes de protection ces derniers jours à «quelques dizaines». «La guerre n’a que six jours, il faut que les gens aient le temps d’arriver.» Delphine Rouilleault, directrice générale de l’association France terre d’asile, confirme qu’il est «très compliqué d’évaluer les besoins».

Difficile aussi de quantifier les places d’hébergement dont la France dispose. «L’enjeu est de réfléchir à des solutions pour les personnes qui sont en train d’arriver», estime Delphine Rouilleault. Localement, les propositions affluent. La maire de Lille (PS), Martine Aubry, a annoncé la mise à disposition de 500 places. Sur son compte Twitter, Jean Rottner, le président LR du conseil régional du Grand Est, a salué les maires des collectivités de la région, «tous prêts à se coordonner pour venir répondre aux besoins de l’Ukraine : envoi de matériel ou accueil de réfugiés». Même Marine Le Pen s’est prononcée en faveur de l’accueil de ces exilés, alors que le Rassemblement national s’était opposé à l’arrivée des réfugiés afghans l’été dernier.

Un autre dispositif pourrait être utilisé : le mécanisme de «protection temporaire» qu’une grande majorité d’Etats membres de l’Union européenne sont d’accord pour octroyer aux Ukrainiens fuyant leur pays. Côté français, Gérald Darmanin s’y est déclaré favorable. Ce régime, institué en réponse au conflit en ex-Yougoslavie, mais qui n’a jamais été utilisé par l’UE, ni lors de l’arrivée d’exilés syriens ou afghans, prévoit l’octroi de cette protection en cas d’afflux massif de personnes déplacées, ainsi que des mesures pour répartir entre pays membres l’effort d’accueil. «Ça permettrait d’harmoniser un statut pour tous les Ukrainiens accueillis en Europe le temps du conflit», souligne Delphine Rouilleault. Le vote aura lieu jeudi au Conseil des ministres de l’Intérieur européens.