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Rapport Sauvé

A Angers, après la messe : «On essayait de protéger l’institution, sans voir qu’il y avait des victimes»

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Pédocriminalité dans l'Eglisedossier
Pour les fidèles et le prêtre rencontrés par «Libération», l’ampleur des révélations sur les violences sexuelles dans l’Eglise est difficile à appréhender.
A Angers, ce mardi dans l'église Notre-Dame-des-Victoires. (Théophile Trossat/Libération)
par Maxime Pionneau, Correspondant à Angers
publié le 5 octobre 2021 à 19h39

L’heure de la messe approche dans l’église Notre-Dame-des-Victoires d’Angers (Maine-et-Loire), le père Philippe Loiseau s’active dans l’immense édifice complètement vide. Quelques heures plus tôt, le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise a été dévoilé, provoquant une déflagration chez les catholiques français. «On a trop longtemps attendu avant de parler de ça», reconnaît aisément l’homme de 63 ans.

S’il n’a pas encore pris connaissance de l’ensemble des faits énoncés par le rapport, il les imagine sans peine. «J’ai connu trois prêtres qui, par la suite, ont été accusés de pédophilie», rapporte celui qui est entré dans les ordres à 31 ans. Quand on lui demande pourquoi un tel silence a été possible, il semble d’abord gêné : «Dans tout ce qui est lié au sexe et aux comportements déviants, il y a un malaise dans l’Eglise. On a du mal à parler de ça.» Avant d’ajouter : «Mais le malaise n’est pas que dans l’Eglise, il est dans la société, en général.»

«Le début d’un changement collectif»

Le prêtre pointe du doigt «la libération sexuelle» : «Il fallait être libéré et tout le monde pouvait faire ce qu’il voulait.» Sauf que 56 % des faits recensés par le rapport concernent la période 1950-1969. «Avant, on n’en parlait pas. On pouvait savoir que ça existait plus ou moins, mais on ne savait pas comment faire. On essayait de protéger l’institution, sans voir qu’il y avait des victimes.» Deux bougies maintenant allumées devant l’autel, le pè