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Haine

A Paris, le Mur des Justes du Mémorial de la Shoah vandalisé, Emmanuel Macron dénonce un «odieux antisémitisme»

Guerre au Proche-Orientdossier
Des tags de mains rouges ont été découverts ce mardi 14 mai au matin sur le Mur des Justes, situé au mémorial de la Shoah, dans le centre de la capitale. On ignore encore les motifs de cette dégradation.
Des tags sur le Mur des Justes, au Mémorial de la Shoah à Paris, le 14 mai 2024. (Ian Langsdon/AFP)
publié le 14 mai 2024 à 12h35
(mis à jour le 14 mai 2024 à 21h43)

Il commémore les enfants juifs déportés ainsi que les 3 900 personnes ayant mis leur vie en danger pour sauver des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Mur des Justes, situé au Mémorial de la Shoah dans le IVe arrondissement de la capitale, a été la cible de dégradations dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 mai. De quoi susciter un fort émoi dans un contexte de guerre Hamas-Israël et de forte montée de l’antisémitisme.

Plusieurs mains rouges ont été apposées sur le Mur des Justes mais également sur des bâtiments alentour, selon Ariel Weil, maire de Paris Centre. «Le jour même de l’anniversaire de cet événement [la Rafle du billet vert à Paris, où 37 00 Juifs ont été arrêtés, ndlr], les murs du Marais devant crèches et écoles ont été souillés, jusqu’au Mur des Justes», a-t-il déploré sur X (ex-Twitter). Ces tags ont été découverts un peu avant 4H00 par des agents de sécurité du mémorial, a appris l’AFP de source policière.

Dans un communiqué, les dirigeants du Mémorial affirment que «cet acte lâche et haineux, quels que soient les auteurs et la signification de ces «mains rouges» taguées» ne fait que renforcer leur volonté d’amplifier leur «travail d’éducation et de pédagogie contre la barbarie, contre l’antisémitisme et toute forme d’intolérance». «Notre institution est un lieu d’éducation et de connaissances historiques», précise Jacques Fredj, directeur de l’établissement. «Nous agissons contre l’intolérance et l’ignorance dans un moment de confusion et d’instrumentalisation de l’histoire de la Shoah et des génocides», assure-t-il.

«Je condamne avec la plus grande fermeté ces actes inqualifiables», a réagi la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui annonce avoir saisi la procureure de la République de Paris «au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale». Elle a également demandé la réalisation d’un constat de police avant de faire nettoyer l’édifice.

Le député Renaissance Sylvain Maillard a aussi exprimé sa colère sur le réseau social, qualifiant «cette profanation» d’un «affront à la mémoire des victimes de la Shoah et à ceux qui ont sauvé des Juifs au péril de leur vie». La ministre chargée de la lutte contre les discriminations Aurore Bergé, qui a ouvert la semaine dernière les Assises contre l’antisémitisme, a dénoncé une «indignité absolue» et assuré que «nous ne nous laisserons jamais intimider face à l’antisémitisme».

Emmanuel Macron a, à son tour, dénoncé sur X « l’atteinte à la mémoire » des victimes de la Shoah et des Justes et promis une République « inflexible face à l’odieux antisémitisme ». « Dégrader le Mur des Justes parmi les Nations, barrage des Lumières contre le nazisme, c’est porter atteinte à la mémoire de ces héros comme à celle des victimes de la Shoah », a-t-il déclaré.

«Cri de ralliement haineux contre les Juifs»

Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, s’est également indigné de ces tags. «Quels que soient les auteurs, cette dégradation du Mémorial de la Shoah, symbole des mains ensanglantées des terroristes qui ont lynché deux soldats israéliens en octobre 2000, résonne comme un cri de ralliement haineux contre les Juifs», a-t-il affirmé dans un message posté sur X.

Le Grand rabbin de France Haïm Korsia a dénoncé un «odieux outrage à la mémoire de millions de personnes mortes pendant la Shoah» et le Congrès juif mondial a estimé que ce «vandalisme antisémite» est «absolument honteux». La Licra a tenu à prévenir les auteurs de ces tags : qu’il s’agisse de «provocation à la haine, [d’]opération de déstabilisation ou [d’]ingérence étrangère, les auteurs de ces souillures auront à répondre de leurs actes délictueux».

Le symbole des mains rouges peut être pris comme une référence au meurtre de deux Israéliens par les membres d’une foule palestinienne de Ramallah, en 2000. Il a aussi récemment été utilisé par des étudiants de Sciences-Po Paris pour, selon leurs dires, dénoncer l’offensive sanglante menée par Israël sur Gaza.

Pour l’heure, on ignore tout de l’identité et des visées des auteurs de ces dégradations sur le Mur des Justes. De précédents tags dans la capitale – des étoiles de David – avaient déjà donné lieu à de vives réactions, fin octobre, peu après le début de la guerre entre le Hamas et Israël et sur fond de montée de l’antisémitisme. Il s’était ensuite avéré qu’il s’agissait d’une opération de déstabilisation téléguidée par les services secrets russes (FSB).

Mise à jour : à 17h35, avec ajout des réactions d’Aurore Bergé, du Grand rabin, du Congrès juif mondial et de la Licra ; à 21h42 avec ajout de la réaction d’Emmanuel Macron.