La Conférence des évêques de France (CEF) a exprimé sa «douleur» et sa «honte» à la suite de la publication d’un rapport, publié ce mercredi 17 juillet, accusant l’abbé Pierre d’agressions sexuelles sur plusieurs femmes, sur une période allant de la fin des années 1970 à 2005. Sept femmes ont témoigné auprès d’un cabinet expert de la prévention des violences, le groupe Egaé, mandaté par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation abbé Pierre. Cinq autres ont été identifiées comme ayant pu subir des faits de violences de la part de l’abbé Pierre.
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«Des actes et des paroles d’une contradiction terrible»
La publication du rapport et la nature de la figure incriminé ont plongé le monde ecclésiastique dans le désarroi ce mercredi. L’Eglise catholique en France a déclaré sur X (ex-Twitter) avoir appris «avec douleur» les témoignages rapportant ces faits d’agressions sexuelles commis par l’Abbé Pierre. La Conférence des évêques de France «tient à assurer les personnes victimes de sa profonde compassion et de sa honte que de tels faits puissent être commis par un prêtre», souligne le message.
La #CEF apprend avec douleur les témoignages recueillis rapportant des faits d’agressions sexuelles commis par l’#abbéPierre à l’encontre de femmes venues travailler à Emmaüs.
— Église catholique en France (@Eglisecatho) July 17, 2024
L’abbé Pierre a eu, dans notre pays et dans le monde, un impact remarquable ; il a éveillé les…
Si l’Eglise catholique en France indique que «l’abbé Pierre a eu, dans notre pays et dans le monde, un impact remarquable» par son engagement en faveur des plus précaires, elle redit sa «détermination à se mobiliser pour faire de l’Église une maison sûre». L’Eglise rappelle par ailleurs que la position de l’abbé Pierre «ne saurait dispenser du travail de vérité nécessaire, que vient de réaliser Emmaüs avec clarté et courage, en se mettant à l’écoute des personnes plaignantes et en menant cette enquête dont le rapport vient d’être publié». Le rapport du groupe Egaé pointe en effet «une forme d’emprise alimentée par la différence d’âge, le statut de l’abbé Pierre et une forme d’idolâtrie, ou la situation de subordination entre lui et les personnes [victimes]».
Interrogé par Libé, le second vice-président de la Conférence des religieux et religieuses de France, Michel Laloux, estime que la «libération de la parole absolument essentielle». Lui qui accompagne d’autres personnes victimes appelle à ce que ces témoignages soient crus et écoutés «en profondeur» en raison des «ravages» que peuvent provoquer de tels agissements sur les victimes. Selon le religieux, «les actes et les paroles» de l’abbé Pierre entrent aujourd’hui dans «une contradiction terrible» : «C’est d’autant plus triste qu’il a fait énormément de choses pour les personnes qui vivaient dans la misère.»
Interrogée par nos confrères de France Bleu Mayenne ce mercredi, la filleule de l’Abbé Pierre, Annie Porte a déclaré être «surprise» de ces accusations : «J’ai du mal à y croire», fait-elle savoir. «Il s’est toujours conduit comme un grand-père, quelqu’un de très gentil, de correct.»
Un dispositif de recueil de témoignages et d’accompagnement mis en place
L’enquête commune aux trois organisations a été déclenchée pour «mesurer l’ampleur des faits et leur nature», après la réception d’un premier témoignage l’année dernière par le mouvement Emmaüs France. Douze personnes ont ainsi été entendues entre le 10 avril et le 5 juin 2024, de manière anonyme. Selon les conclusions du rapport, les faits remontés font état de «comportements inadaptés d’ordre personnel, d’une proposition sexuelle, de propos répétés à connotation sexuelle, de tentatives de contacts physiques non sollicités, de contacts non sollicités sur les seins» de la part de l’homme d’Eglise, célèbre pour son engagement en faveur des démunis, des sans-toit et des sans-droits.
A la suite de ces premiers récits, un dispositif de recueil de témoignages et d’accompagnement, «strictement confidentiel, s’adressant aux personnes ayant été victime ou témoin de comportements inacceptables de la part de l’abbé Pierre», a été mis en place, selon les trois associations.