Le président de la Conférence des évêques de France Eric de Moulins-Beaufort a annoncé ce vendredi 17 janvier sur RMC qu’il avait «saisi la justice» mardi pour lui demander d’ouvrir une enquête sur l’abbé Pierre. Depuis juillet, les témoignages et documents s’égrènent sur les agressions sexuelles et viols commis par le prêtre, longtemps personnalité préférée des Français.
La CEF précise, dans un communiqué, que ce signalement a été fait «pour non-dénonciation de viols et agressions sexuelles sur personnes vulnérables et mineurs» afin que le parquet «apprécie l’opportunité d’ouvrir une enquête» pour déterminer comment les faits «ont pu ne pas être signalés à la justice pendant toutes ces années». La Conférence avait, dès la publication des premiers faits, assuré dans un tweet sa «profonde compassion» aux victimes et «sa honte que de tels faits puissent être commis par un prêtre». L’Eglise s’est vue elle-même reprocher d’avoir été au courant des agissements du prêtre, et ce depuis son sommet.
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Il s’agit aussi d’enquêter «sur d’éventuelles autres victimes ou éventuels complices», a précisé ou sur des «non-dénonciations», a ajouté Mgr de Moulins-Beaufort. Selon lui, le parquet «a des moyens d’investigation qu’une commission d’enquête historique comme celle qu’a réunie Emmaüs […] n’a pas».
Aller «jusqu’au bout de la vérité»
Rappelant qu’il avait déjà demandé en septembre l’ouverture des archives de l’Eglise sur l’abbé Pierre, Mgr de Moulins-Beaufort a expliqué qu’il fallait aller «jusqu’au bout de la vérité», après les révélations du cabinet Egae et la diffusion de deux documentaires télévisés sur l’abbé Pierre cette semaine. Dans ce rapport publié lundi le prêtre est visé par neuf nouvelles accusations de violences sexuelles, dont un viol sur mineur et des faits concernant des membres de sa famille. «A chaque rapport du cabinet on franchit un seuil dans la découverte de ce qu’il a pu faire», et «une sorte de système qu’il semble avoir construit», a déploré le président de la CEF.
Il s’agit du troisième rapport du cabinet mandaté par Emmaüs pour faire la lumière sur les agissements de l’abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès. Ces nouvelles révélations portent à 33 le nombre de témoignages visant le prêtre décédé en 2007.