L’Eglise de France veut coopérer à l’enquête sur l’abbé Pierre. La Conférence des évêques de France (CEF) va ouvrir sans délai, et sans attendre les 75 ans habituels, ses archives aux chercheurs, et notamment à ceux mandatés par Emmaüs pour enquêter sur l’abbé Pierre, a annoncé ce jeudi 12 septembre son président, Eric de Moulins-Beaufort.
«Cette durée est usuellement de minimum 75 ans après la mort du prêtre ou du religieux, selon le règlement des archives de la CEF», a complété l’institution dans un communiqué. L’objectif est «qu’elles puissent être consultées» par des chercheurs, «en particulier à la commission d’enquête d’Emmaüs», a affirmé sur RCF et Radio Notre-Dame Eric de Moulins-Beaufort. Il s’agit des archives de l’Eglise de France conservées à Issy-les-Moulineaux, distinctes de celles des diocèses.
«Quelques lettres»
Concernant l’abbé Pierre, elles contiennent «un dossier assez mince» avec «quelques lettres» qui montrent que le Bureau central des cardinaux de l’époque «a pris connaissance du comportement» du prêtre. «Il y a un élément sur le fait qu’il est parti en Suisse» dans les années 50, mais sans «aucun détail sur ce qui s’y passe», et «c’est à peu près tout», a ajouté le responsable de la CEF.
Quant au degré de connaissance au sein de l’Eglise de ces agissements, Mgr de Moulins-Beaufort s’est redit «incapable de dire» qui savait quoi. «Quelques évêques ont su, certainement, un certain nombre de faits, mais exactement lesquels ? Il faudra une enquête historique pour le dire et j’encourage vivement l’enquête qu’Emmaüs vient d’ouvrir», a-t-il ajouté.
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Après la révélation le 6 septembre de 17 nouveaux témoignages de femmes accusant l’abbé Pierre d’agressions sexuelles, Emmaüs a annoncé une commission indépendante chargée «d’expliquer les dysfonctionnements» qui lui ont permis «d’agir comme il l’a fait pendant plus de 50 ans».
Mgr de Moulins-Beaufort a rappelé que l’abbé Pierre «n’a pas vécu dans un cadre ecclésial, il a vécu avec Emmaüs» et «c’est de ce côté-là qu’il y a des archives. C’est par là surtout qu’il faut essayer de comprendre». «Dans les années 50, quand ce comportement commence à être connu, il inquiète beaucoup et l’Eglise essaie de l’aider en lui imposant un séjour psychiatrique en Suisse» et une tutelle. «Apparemment, l’abbé Pierre a toujours réussi à contourner cela. Mais je ne dirais pas que l’Eglise n’a rien fait», a-t-il affirmé.
Mise à jour à 10h35 : contrairement à ce qu’avait affirmé plus tôt dans la matinée Eric de Moulins-Beaufort, la prescription pour ouvrir les archives est d’ordinaire de 75 ans et non de 30.