Menu
Libération
«Silence»

Accusations de violences sexuelles : des années 50 à sa mort, l’abbé Pierre sous la haute vigilance de l’Eglise ?

Article réservé aux abonnés
Affaire Abbé Pierredossier
Dossiers liés
Dans les années 50 et 60, l’institution catholique a mis en place une surveillance stricte du prêtre, déjà soupçonné de violences sexuelles. Des doutes subsistent sur la pérennité de ce dispositif, alors qu’il revenait sur la scène médiatique.
L'abbé Pierre à l'abbaye Saint-Wandrille, en 1987. (Mychele Daniau/AFP)
publié le 13 août 2024 à 7h00

Comment une femme de 34 ans est-elle tombée, à la fin des années 80, dans les griffes de l’abbé Pierre qui a mené une double vie et se trouve aujourd’hui accusé post mortem de violences sexuelles ? Car la hiérarchie catholique et ses proches collaborateurs à Emmaüs ont été mis au courant de la conduite problématique du religieux avec les femmes dès les années 50. Notamment à la suite d’un voyage désastreux aux Etats-Unis, raconté par le philosophe Jacques Maritain dans des carnets inédits. En 1958, l’abbé Pierre est également interné de longs mois dans une clinique psychiatrique en Suisse. Et progressivement écarté de la direction d’Emmaüs.

Dans une lettre datée du 27 juin 1958, que Libération a consultée et citée également par le Monde, le cardinal archevêque de Paris Maurice Feltin répond au ministre des Anciens Combattants, Edmond Michelet, pour expliquer qu’il n’est pas opportun d’attribuer une nouvelle décoration à l’abbé Pierre alors qu’il est envisagé de le promouvoir officier de la Légion d’honneur. «L’intéressé est un grand malade», écrit Fel