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Libération
Embrouille

Accusée d’antisémitisme après avoir débarqué 44 ados d’un vol, la compagnie Vueling se défend

Des jeunes juifs de retour d’une colonie de vacances en Espagne ont été escortés hors de l’avion par la police. L’association qui les encadre dénonce une discrimination de la compagnie aérienne, qui pour sa part dénonce l’attitude des jeunes.
La compagnie espagnole dénonce «une attitude fortement conflictuelle, mettant en péril le bon déroulement du vol». (Armando Franca/AP)
publié le 24 juillet 2025 à 18h25

Que s’est-il passé à bord du vol VY8166 au départ de Valence mercredi 23 juillet ? A peine les passagers embarqués, la police locale a été appelée pour expulser de l’avion une cinquantaine d’adolescents français et leurs accompagnateurs. Ils revenaient d’une colonie de vacances en Espagne organisée par l’association club Kineret. Deux visions s’opposent pour expliquer cette décision. L’association va porter l’affaire en justice. Le ministre israélien, Amichai Chikli, a commenté l’affaire sur X, considérant que «nous assistons récemment à de nombreux incidents antisémites graves» et que celui-ci «est l’un des plus sérieux».

Dans un long communiqué publié jeudi 24 juillet sur le réseau social X, la compagnie espagnole a affirmé que ces adolescents avaient affiché «une attitude fortement conflictuelle, mettant en péril le bon déroulement du vol». Ils auraient notamment «manipulé de manière inappropriée du matériel de sécurité et interrompu activement la démonstration obligatoire des consignes», a écrit Vueling.

«Visibilité religieuse»

«Nous contestons avec énormément de documents ces allégations mensongères», a indiqué l’avocate de l’association, Julie Jacob. Elle assure disposer de nombreux témoignages de passagers infirmant les propos de la compagnie. L’association affirme «qu’aucun comportement inapproprié n’a été signalé» et que le débarquement a été décidé «sans explication valable». Elle dénonce «l’attitude de l’équipage et la brutalité des forces de l’ordre». Une des adultes encadrant le groupe a été arrêtée par la Guardia civil. Une vidéo présentée comme celle de cette interpellation a circulé sur les réseaux sociaux, montrant une jeune femme plaquée au sol sans ménagement et menottée. Me Jacob a dénoncé une «violence aggravée» à l’encontre de cette monitrice. Vueling, elle, parle «d’une attitude violente envers les autorités». La Guardia civil, elle, a affirmé que la monitrice avait été interpellée «parce qu’elle refusait de descendre de l’avion et d’obéir aux agents», et qu’elle avait été rapidement remise en liberté.

L’association club Kineret a fait part de sa volonté de porter plainte pour «violence physique, psychologique et discrimination sur le fondement de la religion». Elle a évoqué des «circonstances aggravantes» étant donné qu’il s’agit de «mineurs de moins de 15 ans». «Le seul élément commun à l’ensemble du groupe est leur visibilité religieuse. Certains enfants portaient une kippa, d’autres des symboles identitaires juifs», a précisé club dans un communiqué publié sur Instagram. Vueling a insisté dans son communiqué pour dire nier «fermement toute affirmation liant la décision de notre équipage à l’expression religieuse des passagers concernés».

Pour l’association, «l’usage de quelques mots en hébreu a visiblement suffi à déclencher une mesure d’une extrême gravité, collective, humiliante et discriminatoire». Selon le témoignage d’un jeune de la colonie, «on s’est tous assis dans le calme à nos places respectives sans faire de bruit et j’ai un de mes amis qui a crié un mot en hébreu parce qu’il était encore un peu dans l’ambiance de la colonie». «Il l’a peut-être dit un peu trop fort», a-t-il précisé. Le personnel de bord a alors, selon lui, intimé à l’adolescent d’arrêter et menacé de prévenir les forces de l’ordre si cela se reproduisait. «On a tout de suite arrêté de faire du bruit», a relaté l’adolescent. Quelques minutes plus tard, la Guardia Civil est montée dans l’appareil.

L’association exige notamment «l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante, complète et transparente, la reconnaissance officielle des faits» et «des excuses publiques» de la compagnie. Les adolescents n’ont pas été pris en charge par la compagnie, jeudi soir. Ils «se sont retrouvés seuls à Valence, sans nourriture et sans hébergement», a également déploré club Kineret. L’association s’est mobilisée pour tous les rapatrier vendredi soir. La compagnie «regrette profondément cet incident».

Mise à jour à 19h25 avec des précisions de la Guardia civil et le témoignage de l’adolescent.