Depuis le début de la crise provoquée par les révélations des violences sexuelles commises par l’abbé Pierre, la direction du mouvement Emmaüs s’est bunkérisée dans un lourd silence. Ses proches et ses confidents, ceux des années 90 et 2000, tels que son dernier secrétaire particulier Laurent Desmard, son ancien confesseur Jean-Marie Viennet ou encore l’ancien président d’Emmaüs France Antoine Sueur, affirment, comme un seul homme, ne pas avoir été au courant des turpitudes du religieux. «Au vu de l’ampleur des faits et leur période, nous n’avons pas de doute : les faits n’ont pu être complètement cachés du début à la fin. Par contre, on ne sait pas qui savait, qui savait quoi et quelle était leur place dans l’organisation. A ce jour, nous n’avons aucune trace d’une interpellation officielle des instances du mouvement», a encore déclaré, le 9 octobre à l’hebdomadaire catholique Le Pèlerin, Adrien Chaboche, le directeur d’Emmaüs International. Plusieurs documents d’archives consultés par Libération attestent pourtant que la direction d’Emmaüs était au courant à la fin des années 50 des faits reprochés à son fondateur.
«Des accidents à venir et peut-être des scandales»
Suite à des scandales, une crise majeure éclate, en effet, au cours de l’année 1957. Elle aboutit à l’internement, dans