Même si le pape François semble l’ignorer – c’est ce qu’il déclarait, vendredi 13 septembre, dans son avion de retour de Singapour – l’abbé Pierre est une très vieille connaissance pour le Vatican. D’après les informations de Libération, le «cas» d’Henri Grouès (le nom à l’état civil du prêtre) et des accusations de violences sexuelles dont il faisait l’objet étaient connus, bien avant sa mort, des plus hautes instances de la curie romaine. Celles-ci avaient été signalées au Vatican depuis au moins 1959, selon des archives très récemment déclassifiées de l’épiscopat français.
Le 27 janvier de cette année-là, le nonce apostolique en poste à Paris (l’ambassadeur du Saint-Siège en France), Mgr Paolo Marella, envoie une lettre en urgence à Mgr Jean-Marie Villot, qui dirige le secrétariat de l’Assemblée des cardinaux et archevêques (ACA), la structure la plus importante de l’épiscopat. Sur un papier à en-tête de la nonciature, Marella écrit : «Ne sachant pas où se trouve M. l’abbé Pierre, je vous prie de vous mettre en relation avec le père franciscain qui est son représentant à Emmaüs.» Sorti en juin 1958 de la clinique psychiatrique suisse de Prangins, où il a passé presque six mo