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Libération
Enquête d'opinion

Antisémitisme : 79 % des Français considèrent qu’il s’agit d’un phénomène répandu

Un sondage Ipsos commandé par le Conseil représentatif des institutions juives de France et sorti ce jeudi 22 novembre alors que l’on constate une montée des actes antisémites depuis un an.
Devant la synagogue de Sarcelles, le lundi 22 avril, pendant la période de Pessah. (Valentina Camu/Divergence)
publié le 22 novembre 2024 à 16h27

«Chambre à gaz à louer.» Voici ce que proclame un graffiti retrouvé sur la porte d’un immeuble du centre-ville de Rouen la semaine dernière, et pour lequel la mairie a annoncé, dans un courrier adressé ce jeudi 21 novembre au procureur de la République, porter plainte. Un nouveau cas qui illustre, dans le sillage de la guerre que mène Israël à Gaza et au Liban, la montée des actes antisémites en France depuis un an. Un sondage Ipsos commandé par le Conseil représentatif des institutions juives de France et sorti ce jeudi dresse un «état des lieux des perceptions des Français sur l’antisémitisme et la situation des Français juifs», qui détermine que 79 % des sondés «considèrent que l’antisémitisme est un phénomène répandu» en France. L’enquête de l’institut a été menée du 20 au 23 septembre auprès de 1 000 personnes, «constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus» et interrogées sur Internet par la méthode des quotas. Voici trois points saillants de ce sondage.

Sur l’intégration

Selon l’un des premiers points du sondage, qui s’arrête sur l’intégration des personnes croyantes en France, 85 % des sondés estiment qu’une «grande majorité» de catholiques sont bien intégrés, 76 % des protestants, 69 % des juifs et seulement 32 % des musulmans. Au sujet de la «responsabilité de la mauvaise intégration», l’institut pose la question suivante : «Vous avez dit que selon vous (xxx) étaient mal intégrées au reste de la population. Qu’est-ce qui selon vous explique le mieux cette situation ?» Et en réponse : parce que «ces personnes se sont repliées sur elles-mêmes et qu’elles refusent de s’ouvrir sur la société» est choisi à 82 % vis-à-vis des musulmans et à 50 % pour les juifs, des niveaux équivalents à ceux de 2020 – contre environ 60 % pour les catholiques et protestants. Concernant «l’opinion vis-à-vis de la visibilité de groupes minoritaires», la réaction des sondés est l’inquiétude ou l’agacement dans 51 % dans le cas des hommes en tenue traditionnelle musulmane et 29 % dans celui des hommes en tenue traditionnelle juive. D’après le sondage, l’inquiétude et l’agacement concernant la vue de Juifs portant une kippa est établie à 24 %, contre 20 % en 2020 mais 29 % en 2017.

Sur les préjugés anti-juifs

L’enquête s’arrête sur les préjugés antisémites qui circulent dans la société française. Ainsi, sur l’existence de lobbies juifs «très puissants», 49 % des sondés pensent que c’est une affirmation tout à fait vraie ou plutôt vraie, un niveau à peu près équivalent (46 %) à l’affirmation selon laquelle «les Juifs sont plus riches que la moyenne des Français». En tout, sur les affirmations proposées, 27 % ont «2 opinions antisémites ou moins», 27 % ont «3 à 5 opinions antisémites» et 46 % «6 opinions antisémites ou plus», contre 37 % en 2020. Des niveaux plus forts chez les plus âgés et chez les personnes qui disposent d’un niveau de diplôme inférieur au bac. Parmi les sympathisants socialistes, 34% ont au moins six préjugés antisémites, 29% chez EE-LV, 46 pour Renaissance, 52 pour le Rassemblement national et 55 pour la France insoumise.

Le départ des Français juifs pour Israël

Autre phénomène abordé par le sondage, le départ de certains Français juifs pour Israël ou ailleurs. Un exil documenté qui provient de la crainte d’une montée de l’antisémitisme, selon 62% des interrogés, devant les raisons religieuses (39%) ou idéologiques (38%). Des départs que 56% des personnes questionnées jugent ni bon, ni mauvais, 32%, comme une mauvaise chose et 12%, comme une bonne chose.

Le regard sur Israël et la guerre

Le sondage tente de déterminer «la perception de la guerre entre Israël et le Hamas» en comparant les réponses des sympathisants des différents partis politiques. Sur l’affirmation suivante : «Depuis les attaques du 7 octobre en Israël, il est clair que le Hamas est une organisation terroriste», 44 % des insoumis sont d’accord, le niveau le plus bas du sondage ; 80 % des socialistes approuvent l’affirmation, 84 % des partisans de Renaissance et 75 % de ceux du Rassemblement national. Sur l’assertion «Israël doit renoncer à viser certaines cibles comme les hôpitaux ou les écoles, même si des combattants du Hamas s’y cachent», 79 % des sympathisants socialistes sont d’accord et 85 % des insoumis, contre seulement 52 % de ceux du RN. Sympathisants écologistes et insoumis désapprouvent à plus de 80 % que «la réaction militaire d’Israël dans la bande de Gaza est appropriée» contre 55 % pour ceux du RN et 42 % de LR. Un contexte délicat