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Dans les jours à venir

Après la mort du pape François, un protocole bien rodé au Vatican : constatation du décès, organisation des funérailles, conclave…

Pape Léon XIVdossier
Une fois la mort du souverain pontife constatée, c’est le branle-bas de combat : neuf jours de deuil puis une vingtaine pour élire son successeur. En attendant qu’un nom émerge, c’est le cardinal camerlingue Kevin Farrell qui assurera l’intérim.
Le béret d'un cardinal, appelé à voter lors du conclave. (Alberto Pizzoli /AFP)
publié le 21 avril 2025 à 19h43

Les jours d’après sont réglés comme du papier à musique. De la constatation du décès aux volutes de fumée blanche qui annonceront l’élection du prochain occupant du trône de Saint-Pierre, les semaines qui suivent la mort du pape François, survenue ce lundi 21 avril, à l’âge de 88 ans, répondent à des règles très strictes. Edicté dans la Constitution apostolique – révisé en juin 2022 par François lui-même – le protocole régissant le rituel est régulièrement ajusté en fonction des volontés de chacun. Les funérailles de Jorge Mario Bergoglio suivront ainsi un protocole simplifié, l’ecclésiastique argentin ayant misé, en 2024 et contrairement à ses prédécesseurs, sur la sobriété.

Constatation du décès, destruction de l’anneau papal et annonce au monde entier

Conformément au droit canonique, le ballet papal est méticuleusement chorégraphié par le cardinal camerlingue irlandais Kevin Farrell. A vingt heures ce lundi, ce dernier sera chargé de constater la mort effective du pape en présence du maître des célébrations liturgiques, l’archevêque Diego Ravelli. «Vere Papa mortuus est» («en vérité, le pape est mort»), prononcera-t-il alors. Jusqu’à Pie XII, mort en 1958, on constatait le décès du chef de l’Eglise en le frappant sur le front avec un petit marteau en argent. Depuis avril 2024 et la nouvelle édition du livre liturgique Ordo Exsequiarum Romani Pontificis par le pape François, la constatation est faite dans sa chapelle privée et non plus directement dans la chambre du défunt.

Une fois le certificat de décès rédigé, le camerlingue avertira ensuite le cardinal vicaire de Rome, chargé de répandre l’information parmi les fidèles du monde entier, ainsi que le doyen du collège des cardinaux, le cardinal italien Giovanni Battista Re, qui devra à son tour informer les cardinaux, le corps diplomatique et les chefs d’Etat.

La chambre du pape et ses bureaux seront immédiatement placés sous scellés et l’anneau à son doigt, qu’il reçoit lors de l’inauguration solennelle du pontificat, devra ensuite être biffé ou détruit. Alors qu’il s’agit habituellement de l’anneau du pêcheur, représentant Saint Pierre dans sa barque, le pape François avait décidé de porter celui reçu au moment de son ordination épiscopale, en 1992 à Buenos Aires.

Quand auront lieu les funérailles ?

S’ouvre désormais une période de deuil de neuf jours – en latin «novemdiales». Les funérailles doivent avoir lieu «entre le quatrième et sixième jour après la mort du pape», dit la Conférence des évêques de France. Soit entre le vendredi 25 avril et le dimanche 27 avril. Alors que ses prédécesseurs ont été placés dans trois cercueils imbriqués (un en cyprès, un en plomb et un en chêne), le pape François a voulu simplifier les obsèques. Cette fois, la cérémonie suivra un rite unique plus rapide et le pape sera placé dans un cercueil simple. Pour davantage de sobriété, exit aussi la cérémonie de fermeture du cercueil et l’exposition du corps depuis un catafalque aux yeux des fidèles. Le cercueil sera simplement transféré et ouvert à Saint-Pierre pour être exposé pendant trois jours. Dernier changement, le pape François sera inhumé dans la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome et non à la basilique Saint-Pierre de Rome.

Le corps du pape François sera mis en bière ce lundi 21 avril à 20 heures, peu de temps après la constatation du décès, dans la chapelle de la résidence Sainte-Marthe au Vatican, où il habitait depuis son élection. Encore une fois, ce sera le cardinal Kevin Farrell qui présidera la déposition du corps dans le cercueil.

Qui assurera l’intérim ?

En attente de l’élection d’un nouveau nom, c’est au camerlingue de faire office de pape par intérim. Il sera alors chargé des affaires courantes, alors que tous les plus hauts responsables de la Curie romaine – le «gouvernement» de l’Eglise – doivent se démettre de leurs fonctions à la mort du pape. Mais ses pouvoirs seront nettement réduits : il ne pourra ainsi prendre aucune décision dont la validité excéderait la durée de période de vacance du Saint-Siège ou empiéterait sur les prérogatives exclusives du pape.

Quand connaîtra-t-on le nom de son successeur ?

Vient ensuite le conclave, qui doit démarrer entre quinze et vingt jours après la mort du pape, le temps que les électeurs venus des quatre coins du globe rejoignent le Vatican. Et l’issue de cette élection à huis clos pourrait être plus incertaine que jamais. Seuls les cardinaux de moins de 80 ans sont autorisés à pénétrer dans la chapelle Sixtine pour choisir le prochain pape. Ils seront ainsi 135 (sur 252 au total) à s’y atteler, contre 115 en 2013 lors de l’élection du pape François. Même si près de 80 % ont été choisis par François lui-même, leur nombre élevé complique la donne : pour être élu, le prochain pape doit atteindre les deux tiers des suffrages, soit 90 voix.

Coupés du monde, les cardinaux électeurs prêteront serment. Toute tentative de communication avec l’extérieur, mettant en péril le secret du vote, est passible d’excommunication. Tant qu’aucun nom n’émerge, les cardinaux électeurs voteront. Ils glisseront ainsi leur bulletin secret dans l’urne quatre fois par jour, deux le matin puis deux l’après-midi. Si l’issue du vote demeure toujours incertaine après trois jours de vote, les cardinaux électeurs interrompront leur activité le temps de prier et de discuter. Puis rebelote trois jours durant. Dans les faits, les élections sont relativement rapides : Jean Paul II et François ont été élus en quarante-huit heures, respectivement en 1978 et en 2013. Benoit XVI, quant à lui, l’a été seulement vingt-quatre heures en 2005.

Chaque jour, les bulletins sont brûlés. Si l’élection n’a pas permis d’élire un pape, la fumée qui se répand au-dessus de la place Saint-Pierre est de couleur noire. Si les cardinaux se sont accordés, la fumée est alors blanche. Le nouveau pape doit se trouver un nom, se draper d’une soutane et se présenter au balcon de la basilique vaticane. Habemus papam.