La peur de représailles racistes. Après l’attaque meurtrière survenue samedi 2 décembre à Paris, «il est à craindre que ce drame tragique soit également instrumentalisé par des officines d’extrême droite pour exacerber les tensions et stigmatiser toute une communauté», s’inquiète le Conseil français du culte musulman (CFCM) dans un communiqué.
La Grande Mosquée de Paris avait déjà lancé un appel similaire après la manifestation d’extrême droite de vendredi à Paris. Un rassemblement s’était tenu à l’appel d’un groupuscule de l’ultradroite («les Natifs») en hommage au jeune Thomas, tué lors d’une fête de village dans la Drôme. Environ 200 personnes s’étaient réunies place du Panthéon. «Des croix gammées sont taguées dans nos rues, des lieux de culte sont dégradés et nos concitoyens courent le risque d’être agressés en raison de leurs appartenances réelles ou supposées à une religion. […] Les musulmans de France vivent avec l’angoisse d’être pris pour cibles», alertait alors le recteur Chems-eddine Hafiz.
«De nombreuses mosquées de France ont été victimes de tags»
Samedi soir à Paris, un Français âgé de 26 ans connu pour sa radicalisation islamiste et ses troubles psychiatriques, s’est attaqué à coups de couteau à un jeune touriste germano-philippin, qui est mort, puis à deux autres personnes à coups de marteau. Ces dernières sont, elles, en «bonne santé», selon le gouvernement. «L’auteur présumé du drame aurait crié Allah Akbar après l’agression. Si ce cri se confirme, l’auteur présumé de l’attaque a associé à la barbarie et à la lâcheté de son crime abject contre des innocents la profanation de l’un des symboles musulmans sacrés de l’humilité devant Dieu et devant les hommes que représente l’expression Allah Akbar», souligne le CFCM.
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«D’ores et déjà, de nombreuses mosquées de France ont été victimes de tags, d’inscriptions racistes et de dégradations. Des responsables et fidèles musulmans ont reçu des menaces de mort. Des femmes portant un foulard ont été agressées ou insultées», énumère l’instance. Dans ce «contexte», elle «réitère son appel aux musulmans de France à l’extrême vigilance» et «exhorte les victimes à déposer systématiquement plainte et à ne rien sous-estimer».
«Les mots, les inscriptions, les insultes, les menaces sont souvent et malheureusement des annonciateurs d’actes plus graves», redoute le CFCM. Il appelle aussi les «responsables de mosquées» à «renforcer toutes les mesures de vigilance, de prévention et de protection déjà activées», notamment en équipant les bâtiments de «dispositif de vidéosurveillance».