Sur TikTok, certains extraits de ses prêches cumulent plusieurs millions de vues. Sur YouTube, son église affiche, elle, plus de 200 000 abonnés et 1 500 vidéos. Ce lundi encore, l’office de Mar Mari Emmanuel était diffusé en direct sur internet, avant de tourner au drame, quand un adolescent habillé de noir s’est approché de son autel, et s’est mis à le frapper de plusieurs coups de couteau. Malgré la violence des images, la victime est dans un état stable, et sa santé «s’améliore», a informé son église ce mardi 16 avril. Deux jours plus tôt, une autre attaque au couteau, déjà à Sydney, causait la mort de six personnes dans un centre commercial.

Ordonné prêtre en 2009, puis évêque en 2011, Mar Mari Emmanuel s’est peu à peu hissé en symbole de la communauté chrétienne assyrienne dans la banlieue de Wakeley, à Sydney, où il a fondé en 2015 sa propre église, Christ Bon Pasteur. L’ecclésiastique a gagné en popularité auprès du grand public pendant la pandémie de Covid (qu’il considérait comme «une grippe comme les autres»), avec des prêches en ligne boostés par le confinement (qu’il comparait à un «esclavage de masse»). Robe sombre, capuchon brodé et grande croix dorée à la main, celui qui est né en Irak est peu à peu devenu une personnalité aussi appréciée et remarquable que clivante sur internet, entre versets bibliques, postures antivax et critiques de l’homosexualité.

Dans certains de ses sermons, Mar Mari Emmanuel remet en question les religions non chrétiennes, dont l’islam. C’est d’ailleurs sa critique de la théologie musulmane qui aurait causé l’agression de ce lundi, à en croire les images montrant l’assaillant reprocher à l’évêque ses prises de paroles critiques envers cette religion, avant d’être plaqué au sol par plusieurs fidèles. Il lui arrive néanmoins de souligner son affection p la communauté musulmane, en témoigne son soutien affiché aux Palestiniens de Gaza.

Dans d’autres vidéos, on le voit mettre en doute l’élection de Joe Biden, qu’il estime «à 100 % truquée par des sociétés secrètes», et demander à Donald Trump de rester fidèle à Dieu et de résister à l’influence franc-maçonnique. Les LGBT seraient, eux, «des criminels aux yeux de Dieu». Autant de prises de position qui ont mené l’évêque à s’attirer la sympathie des franges chrétiennes les plus radicales, dont le mouvement Christian Lives Matter, particulièrement connu pour ses positions anti-LGBT, selon le média australien indépendant Crikey.

L’agression de l’éminent membre de la communauté chrétienne assyrienne en Australie a mené à un important mouvement de foule devant son église, alors que la police tentait de calmer les ardeurs de fidèles souhaitant mettre la main sur l’agresseur. Le quartier de Wakeley, dans la banlieue ouest de Sydney, est connu pour accueillir des membres de cette petite communauté ayant fui les persécutions ou la guerre en Irak, en Syrie, en Egypte ou au Liban.