C’était en mai que Nolan (1) a compris qu’il ne retournerait plus chez son poissonnier. «Il m’a dit qu’il ne regarderait pas l’Eurovision parce qu’Israël participait à la compétition», explique le jeune Alsacien. «Puis il a ajouté que de toute façon, il n’aimait pas les Juifs.» A ce moment-là, Nolan, vacataire à l’Université de Strasbourg (Bas-Rhin) n’a rien dit et n’a surtout pas répondu qu’il était juif lui-même. Il sait que c’est dans la banalité du quotidien que se faufile le nauséabond : «Je n’ai pas eu une adolescence des plus tranquilles», indique le jeune homme de 28 ans, évoquant les «sale Juif» entendus dès le lycée où il a étudié, à 50 kilomètres au nord-ouest de Strasbourg.
Sous son polo couleur sable, il a glissé son étoile de David, qu’il ne montre jamais. «Mon père nous a élevés comme ça : aucun signe religieux apparent, comme ça aucune attaque», explique Nolan. Pour lui qui ne prend jamais le tram ni le vélo, pouvoir continuer à marcher sans crainte dans les rues de Strasbourg est à ce prix. Certes, ce n’est pas aujourd’hui qu