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Benoît XVI «gravement malade» d’après le Vatican

Pape Léon XIVdossier
Le pape François a demandé ce mercredi une «prière spéciale» pour son prédécesseur âgé de 95 ans «car il est gravement malade». Elu à la tête de l’Eglise catholique en 2005, il s’en était retiré en 2013 pour des raisons de santé.
Benoît XVI, à Berlin, en 2011. ( Malte Ossowski/DPA/AFP)
publié le 28 décembre 2022 à 12h05

Il avait démissionné en 2013 à cause d’une «santé défaillante» et pris le monde catholique par surprise. Neuf ans plus tard, les forces de Benoît XVI pourraient définitivement le quitter. Le Vatican vient de confirmer, ce mercredi, «l’aggravation» de l’état de santé du pape émérite, sans donner plus de détails.

Le pape François l’a lui-même sous-entendu un peu plus tôt dans la matinée, lors d’une audience générale : «J’aimerais vous demander à tous une prière spéciale pour le pape émérite Benoît. Pour entretenir sa mémoire, car il est gravement malade, pour demander au Seigneur de le consoler et de le soutenir» a-t-il sollicité pour son prédécesseur de 95 ans.

De plus en plus fragilisé

Depuis 2013, l’ancien pontife vit au monastère du Vatican, mais est apparu de plus en plus fragilisé ces derniers mois. Chaise roulante, appareils auditifs, silhouette frêle, amaigrie… la dernière vidéo de Benoît XVI, diffusée par le Vatican en août à l’occasion de la traditionnelle visite des nouveaux cardinaux, a montré son état de santé fragile. Mais l’ancien pontife continuait de recevoir des visiteurs ces derniers mois.

De son vrai nom Joseph Ratzinger, Benoît XVI a été nommé évêque de Rome en 2005, devenant alors le premier pape allemand de l’histoire moderne. Intellectuel, austère, il n’a jamais été vraiment à l’aise sur les estrades et dans les bains de foule. Durant ses huit ans de pontificat, il a défendu une ligne conservatrice, en particulier sur l’avortement, l’homosexualité ou l’euthanasie.

Ses déclarations ont parfois créé la polémique, comme sur l’islam, l’utilisation du préservatif contre le VIH ou encore l’excommunication de quatre évêques intégristes en 2009. En 2012, la fuite de documents confidentiels, orchestrée par son majordome personnel (les «Vatileaks») remue une nouvelle fois son pontificat. Le scandale avait mis en évidence une Curie romaine (gouvernement du Vatican) minée par les intrigues et dénuée de rigueur financière.

Pédocriminalité dans l’Eglise

Une autre crise, majeure, l’a récemment rattrapé : la pédocriminalité dans les rangs de l’Eglise catholique. En janvier 2022, un rapport allemand a mis en cause sa gestion de violences sexuelles sur mineurs lorsqu’il était archevêque de Munich. Le «rapport Munich» affirme que le pape émérite aurait couvert quatre ecclésiastiques. Accusations niées par l’ancien pontife, qui demande tout de même «pardon» aux victimes dans une lettre ouverte.

Mais ces scandales n’auraient pas influencé sa renonciation - c’est en tout cas ce qu’a soutenu l’ancien évêque de Rome dans un livre de confidences paru en 2016. Les seules responsables auraient été ses forces déclinantes. L’annonce de son départ, prononcée en latin le 11 février 2013, n’en avait pas moins surpris et bouleversé le monde catholique.

Ce geste, inédit en 700 ans, a aussi été analysé comme un signe de modernité. Et a ouvert la voie à ses successeurs dont la santé viendrait aussi à décliner. Le pape François lui-même, âgé de 85 ans et souffrant de douleurs aux genoux, a lui-même émis en août la possibilité de se «mettre de côté».