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Benoît XVI, les funérailles d’une Eglise déconnectée de l’Histoire

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Pape Léon XIVdossier
Le pontificat de Joseph Ratzinger, théologien brillant mais piètre politicien, a coïncidé avec un divorce grandissant entre l’Europe et l’Eglise.
Benoît XVI, lors d'une commémoration des victimes du camp d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne, le 28 mai 2006. (Dimitar Dilkoff/AFP)
publié le 5 janvier 2023 à 19h22

Le déclin du christianisme en Europe a hanté le pape et théologien Benoît XVI, enterré, fait rarissime, par François, son successeur, ce jeudi. Dans son testament spirituel, rendu public il y a quelques jours par le Vatican, Benoît XVI exhortait une dernière fois – c’est dire l’importance qu’il y accordait – l’Allemagne, son pays natal, et ses compatriotes à ne pas «se détourner de la foi».

Si les monothéismes sont nés au Proche-Orient, la pensée et la théologie chrétiennes ont été largement élaborées en Europe. Pour certains, le Vieux Continent, de ce point de vue, est également une matrice du christianisme. Cela faisait sens pour Joseph Ratzinger, solidement attaché à la notion de tradition. Ce qui, dans la culture catholique, signifie l’héritage de ce qui a été pensé et élaboré durant les siècles précédents.

Bavarois mélancolique

Aux yeux de Ratzinger, le déclin de l’Eglise en Europe représentait un danger pour le continent. Ce Bavarois mélancolique, nostalgique d’une époque où la chrétienté était triomphante, avait l’intime conviction que seule la foi chrétienne – et tout particulièrement catholique – pouvait protéger des dérives totalitaires du nazisme et du communisme. Il pensait qu’un monde sans catholicisme et sans catholiques était littéralement voué au mal. Dans le livre l’Europe, ses fondements, aujourd’hui et de