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Interview

Benoît XVI vu par un spécialiste de droit canonique : «En renonçant, il a permis à la papauté de s’adapter au monde moderne»

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Alors que se tiennent ce jeudi les obsèques du pape émérite, le canoniste Patrick Valdrini analyse la portée de son pontificat.
Benoît VII au moment de sa renonciation, en février 2013. (Osservatore Romano/AFP)
publié le 5 janvier 2023 à 5h16

Spécialiste reconnu de droit canonique, Patrick Valdrini, ancien recteur de l’Institut catholique de Paris, enseigne depuis dix-sept ans en Italie. Selon lui, à l’avenir, les papes renonceront à leur charge, comme l’a fait Benoît XVI, dont les funérailles ont lieu ce jeudi matin sur la place Saint-Pierre à Rome.

Le pape François préside, ce jeudi matin, les funérailles de Benoît XVI. Cette situation est-elle inédite ?

Il y a longtemps qu’un pape n’avait enterré son successeur [en 1802, Pie VII avait enterré Pie VI, mort trois ans plus tôt en exil en France, prisonnier de Napoléon, ndlr]. Mais je pense que cette configuration va se reproduire à l’avenir. Sans doute François renoncera-t-il dans deux ans, à la fin du synode qu’il a lancé, comme certains le pensent, ou avant si sa santé ne s’améliore pas. Ce qu’on a trouvé exceptionnel en 2013 va devenir naturel. Benoît XVI a permis à la papauté, dans la manière d’être exercée, de s’adapter au monde moderne.

Le choix de Benoît a pourtant été critiqué au sein de l’Eglise catholique. Pourquoi ?

Pour des raisons symboliques plus que pratiques. Le rôle du pape est assimilé à celui d’un père. Et un père ne renonce pas à prendre soin des siens ; un père ne renonce pas à sa paternité. Du point de vue du droit canonique [le droit interne à l’Eglise], la renonciation e