Il est l’ultime recours quand plus rien ne passe entre Alger et Paris. Le messager sur les dossiers brûlants, notamment celui de l’écrivain Boualem Sansal, prisonnier depuis huit mois d’un pouvoir algérien enragé contre la France, au point d’avoir rompu toute coopération policière. «C’est lui, le véritable ambassadeur d’Alger», dit-on à l’Elysée et au Quai d’Orsay. Il est la voix du président Abdelmadjid Tebboune, qui le convie régulièrement dans son palais d’El Mouradia. Il a l’oreille d’Emmanuel Macron, qui l’a fait officier de la Légion d’honneur et l’a encore convié, à ses côtés, fin avril à Rome, pour les obsèques papales.
«Chems», l’appelle le président de la République, comme ceux, nombreux − politiques, dirigeants, intellectuels, journalistes − qui côtoient l’avocat franco-algérien, avec un mélange de sympathie et de circonspection. «Sur le papier, il est formidable, fin, ouvert, un discours républicain impeccable mais…» a-t-on entendu cent fois à son propos. Ou encore : «C’est un personnage double. Méfiance.»
Chems-Eddine Hafiz est le recteur de la Grande Mosquée de Paris, cette splendeur de l’art mauresque, érigée en 1926, au cœur du Quartier latin, en hommage aux