Coup du sort, nous voici devant le monastère en même temps que la Kangoo jaune de la Poste. Le recommandé vient de la capitale : le père Gabriel, 65 ans et en savates, apprend sous nos yeux son excommunication. Interdiction de célébrer la messe ou de conférer quelconque sacrement. L’enveloppe provient du métropolite Dimitrios, le big boss de l’église grecque orthodoxe en France, qui l’accuse, entre autres, de «violation du vœu de chasteté, fornication, actes contre nature, mensonge et fraude, scandale causé à la conscience des fidèles». Ambiance.
La végétation dans ce coin de l’Hérault a une pêche d’enfer. Le devant de porte aurait bien besoin d’un coup de tondeuse. Sur la façade, à côté de la sonnette, une cigale en céramique, comme sur les maisons en bord de plage. Voilà presque dix ans que le père Gabriel vit en solo dans les 2 130 mètres carrés du monastère orthodoxe de Saint-Nicolas de la Dalmerie. Il est même l’unique habitant de ce hameau, rattaché à la commune de Joncels, à 60 kilomètres de Béziers. La dernière voisine, Gabrielle Goudal, est partie l’été dernier à 103 ans. Elle aurait eu beaucoup à raconter.
Agressions sexuelles et viols au monastère
A la grande époque, dans les années 80, ils étaient sept moines à Saint-Nicolas. Quatre sont morts, l’un serait en prison et l’autre en soins psychiatriques. «Une maison de fous», ponctue le père Gabriel. Depuis qu’il est tout seul, il vit sa meilleure vie. Il continue les prières et la théologie, les peintures d’icônes au jaune d’œuf. Mais va aussi a