Un instant après la sonnerie de midi, les élèves sortent par vagues sur l’esplanade du lycée Pierre-Brossolette, à Villeurbanne (métropole de Lyon). Dès la grille franchie, certaines s’arrêtent devant les vitres de la loge d’accueil, qui font office de miroir. En quelques gestes rapides, ces lycéennes de confession musulmane renfilent et ajustent leur voile avant de se disperser dans les rues. Ce mercredi, durant une quinzaine de minutes, une trentaine de jeunes filles font étape par ce vestiaire improvisé afin de dissimuler leur chevelure. Le lycée d’un millier d’élèves est l’établissement de secteur du quartier de Gratte-Ciel, où perdure une mixité sociale et confessionnelle dont Villeurbanne est un symbole de longue date au sein de la périphérie lyonnaise.
Aucune de ces lycéennes n’était née en 2004, lorsque a été adoptée la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques, dont le débat précédant le vote a électrisé l’opinion publique, autour du sens et des modalités de la laïcité dans la société française. Vingt ans plus tard, cet enjeu reste pour Narjesse «une notion floue, un peu mystérieuse». L’élève de terminale a pourtant «beaucoup travaillé dessus» en première dans sa spécialité «histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques». «A la base, il y a la séparation de l’Eglise et de l’Etat, ça, j’ai compris. Maintenant, on ne peut pas montrer sa religion et à la fois, on peut porter des signes distinctifs discrets, mais il n’y a rien de