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Polémique

Des chercheurs annulent leur venue à un colloque sur l’histoire des Juifs de France, regrette le Musée du judaïsme à Paris

Selon le Musée d’art et d’histoire du judaïsme, situé à Paris, les chercheurs ont mis en cause la participation à l’évènement d’une doctorante financée par l’Université hébraïque de Jérusalem, et plus globalement la guerre à Gaza.

Le Musée d’art et d’histoire du judaïsme (Mahj) à Paris, le 3 mars 2023. ( Xose Bouzas/Hans Lucas. AFP)
Publié le 11/09/2025 à 17h27

C’est «la première fois depuis sa création en 1998» qu’un tel événement se produit, souligne le Musée d’art et d’histoire du judaïsme (Mahj) de Paris, dans un communiqué publié mercredi 10 septembre. Cinq universitaires ont annulé leur participation à un colloque sur l’histoire des Juifs de France, prévu les 15 et 16 septembre à Paris.

Les chercheurs, dont le nom n’est pas cité, ont pour partie annulé leur venue parce qu’un programme de recherche de l’Université hébraïque de Jérusalem finance «la participation d’une doctorante. […] Certains ont argué du fait que leur participation équivalait à soutenir le gouvernement israélien. D’autres ont simplement fait référence à la guerre à Gaza pour remettre en cause les modalités d’organisation du colloque. D’autres enfin se sont désistés sans motif explicite», détaille le communiqué.

En conséquence, l’institution déplore une décision qui «dessert absurdement le monde universitaire israélien, dont certains représentants figurent parmi les plus opposés à la poursuite de la guerre à Gaza».

«Maccarthysme antisioniste»

L’annonce a vivement fait réagir jusqu’à la ministre de la Culture sortante, Rachida Dati. «Ces appels au boycott répétés d’artistes, de spectacles, de conférences, de blocages d’établissements deviennent des prétextes à un antisémitisme caractérisé et assumé», a-t-elle estimé, dans un message sur X. «Ce n’est plus une question d’opinion, c’est une question de justice et de politique pénale», a-t-elle ajouté.

De son côté, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, estime que ces universitaires «doivent être sanctionnés». Avant de poursuivre : «Ce maccarthysme antisioniste est un danger pour les Français juifs mais aussi pour le pluralisme de notre débat public». Il considère que cet événement s’ajoute à une «liste des cas d’intimidation […] sur fond d’assignation permanente au conflit à Gaza», comportant notamment l‘exclusion - finalement annulée - de Raphaël Enthoven d’un festival littéraire à Besançon. Le philosophe affirmait en amont de l’événement qu’il «n’y a AUCUN journaliste à Gaza. Uniquement des tueurs, des combattants ou des preneurs d’otages avec une carte de presse».

La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a pour sa part dénoncé sur X un «crachat idéologique» qui «fragilise le principe même de la recherche en remettant en cause son autonomie», et apporte «son soutien» au musée. Le président de la Fondation du judaïsme français, Ariel Goldmann, considère, lui, que «conditionner la participation à cet événement au conflit de Gaza constitue une confusion dangereuse entre des réalités sans rapport, et un amalgame qui fragilise la liberté académique».

Pour l’instant, le Musée d’art et d’histoire du judaïsme a maintenu le colloque prévu la semaine prochaine, en le remaniant pour tenir compte des désistements.