«A chaque fois que réapparaîtra la moindre trace d’antisémitisme, nous serons intraitables, comme nous l’avons toujours été et avant moi, mes prédécesseurs». Face à la communauté juive, à l’occasion des 80 ans du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) organisés à l’Elysée, Emmanuel Macron a affirmé que l’Etat continuerait à combattre sans relâche l’antisémitisme avec «la même fermeté» et la «même intransigeance». La France fait l’objet d’une inquiétante flambée d’actes antisémites depuis les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre.
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Le gouvernement a été «intraitable pour réprimer l’antisémitisme où qu’il soit, dans la rue, derrière les écrans, dans nos universités», a poursuivi le chef de l’Etat devant les principaux responsables de la communauté juive ainsi que ceux des autres cultes. Le Premier ministre Gabriel Attal et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin étaient également présents. Puis le chef de l’Etat a évoqué le récent cas de Sciences-Po Paris où des propos antisémites ont été rapportés lors d’une mobilisation pro-palestinienne. Mercredi, le président avait déjà dénoncé lors du Conseil des ministres des mots «inqualifiables et parfaitement intolérables». «A travers l’antisémitisme, c’est le socle qui unit la nation qui est attaqué», a-t-il pointé.
Le président du Crif, Yonathan Arfi, a déploré que les actes antisémites se soient «multipliés depuis l’abîme du 7 octobre et que notre modèle républicain [soit] attaqué comme jamais auparavant depuis 80 ans». Ils ont bondi en 2023, à 1.676 contre 436 en 2022, selon un rapport du Crif. «Aujourd’hui l’extrême droite frappe à la porte du pouvoir, l’extrême-gauche joue les provocations en attisant l’antisémitisme et le communautarisme et l’islamisme nous déclare ouvertement la guerre», a-t-il déclaré.
Interview
Il a dénoncé «les ambiguïtés coupables de Jean-Luc Mélenchon et les récupérations douteuses de Marine Le Pen» sur ce sujet et a, par ailleurs, réclamé l’instauration d’une commission d’enquête parlementaire sur l’antisémitisme dans les universités. Yonathan Arfi a demandé enfin que la France montre «la même solidarité et la même confiance à la démocratie israélienne face au terrorisme» qu’elle ne le fait pour l’Ukraine face à la Russie, s’inquiétant de la voir «juger Israël plus sévèrement que d’autres démocraties» dans les instances internationales.
Le chef de l’Etat a répondu qu’«aimer Israël, vouloir sa sécurité, ce n’est pas souscrire à tous les choix d’un gouvernement démocrate du moment». «Il faut assumer, comme le permettent les démocraties, de vivre des désaccords», a-t-il ajouté en référence au Premier ministre Benyamin Nétanyahou, en appelant à respecter «le droit humanitaire, le droit de la guerre, le droit international» à Gaza.