Ce serait, nous dit-on, une question de génération. Face aux boomers intransigeants qui défendent coûte que coûte la laïcité, il y aurait une jeunesse qui placerait au-dessus de tout le respect des identités, se détournant donc du modèle universaliste français. Telle fut, la semaine dernière, l’analyse largement reprise d’un troublant sondage réalisé par l’Ifop. La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), commanditaire de cette enquête, voulait savoir quelle place les lycéens accordent aujourd’hui à la religion et quel sens ils donnent à la laïcité.
Le résultat fait apparaître une grande tolérance à l’égard des manifestations de religiosité : pour la première fois, une enquête montre que les lycéens sont majoritairement favorables au port de signes religieux «ostensibles» dans les établissements scolaires. Plus d’un lycéen sur deux (52%) serait de cet avis, soit deux fois plus que dans l’ensemble de la population.
Progression d’une vision anglo-saxonne
L’Ifop constate aussi qu’en dépit des nombreuses initiatives visant à renforcer la laïcité au sein de l’institution scolaire – «Charte de la laïcité» en 2013, «Vade-mecum pour la laïcité» cinq ans plus tard –, les lois «laïques» sont perçues comme discriminatoires envers les musulmans. 37% des lycéens sont de cet avis. Et ce jugement est massivement partagé (à 64%) par ceux qui se perçoivent com