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Religion

Eglise catholique : hausse spectaculaire des baptêmes d’adultes et d’ados

Quelque 12 000 adolescents et adultes seront baptisés en 2024, un chiffre en nette hausse par rapport à l’année dernière. Une «tendance de fond», dont se réjouit l’épiscopat français, mais qui ne compense pas la déchristianisation de la société française.
Baptême d'adultes dans l'église Saint' Ambroise à Paris, en mars 2013. (Corinne Simon/Hans Lucas)
publié le 27 mars 2024 à 17h21

Dans l’Eglise catholique en France, frappée de plein fouet depuis une dizaine de d’années par la crise des violences sexuelles, les bonnes nouvelles ne sont pas légion. Alors, les évêques s’accrochent, ces derniers temps, à l’embellie des baptêmes d’adultes et de jeunes qui sont en forte augmentation. D’après les chiffres de la Conférence des évêques de France (CEF) rendus publics ce mercredi, 7 135 catéchumènes adultes (les personnes qui postulent à ce sacrement) seront baptisés en 2024, ce qui représente une augmentation de 30 % par rapport à l’année dernière, où ils étaient 5 463. Traditionnellement, ceux-ci sont baptisés à la Vigile de Pâques, c’est-à-dire dans la nuit de samedi à dimanche.

Des marges de progression significatives

Avant l’épidémie de Covid, l’Eglise catholique enregistrait, chaque année, environ 4 500 baptêmes d’adultes. La progression constatée en 2023 avait été, à l’époque, analysée comme une compensation des cérémonies qui n’avaient pas pu se tenir pendant la pandémie. Le bond en avant de 2024 change l’optique. «Il ne s’agit plus d’un rattrapage mais d’une tendance de fond», estime Catherine Chevalier, directrice du service national pour la catéchèse et le catéchuménat de la CEF.

Ce rebond est confirmé par l’augmentation également très significative des baptêmes d’adolescents, ceux âgés de 11 à 17 ans. Selon la CEF, 5 025 ados seront baptisés, cette année, dans les 68 diocèses (sur 94) qui ont répondu à l’enquête. Là aussi, les marges de progression sont significatives, une hausse, en moyenne, de 50 %.

Parmi les 7 135 adultes qui seront baptisés en 2024, 36 % ont entre 18 et 25 ans. La population est également, c’est une constante, majoritairement féminine, 62 % de femmes pour 38 % d’hommes. Phénomène qui était majoritairement urbain, les demandes de baptêmes à l’âge adulte connaissent désormais une progression significative en milieu rural : 29 % des catéchumènes baptisés en 2024 vivent à la campagne. Leur origine religieuse se diversifie également. Si 61 % d’entre eux ont grandi dans des familles de tradition chrétienne, presque un quart provient de milieu sans religion et 5 % ont une origine musulmane.

Catholicisme en perte de vitesse

Le phénomène est trop récent pour donner lieu à des études approfondies qui expliqueraient ce rebond. «Les jeunes abordent la question de la foi de façon plus décomplexée que les générations précédentes», estime cependant Catherine Chevalier, qui évoque aussi «un besoin de fraternité, de tisser des relations». Selon la responsable de la CEF, l’épidémie de Covid et la crise climatique ont également mis en exergue une quête renouvelée de sens. De fait, les jeunes générations sont marquées par un retour de la religiosité comme le soulignait une enquête, publiée en décembre, sur les jeunes et la laïcité.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas, en France, le grand printemps du catholicisme, en perte de vitesse dans l’Hexagone. A preuve, les chiffres des baptêmes ont drastiquement chuté en vingt ans, diminuant de moitié. En l’an 2000, il y a eu en France 400 327 baptêmes et en 2019, leur nombre était tombé à 204 304. En 2020, le chiffre (le dernier disponible publiquement) était dramatiquement bas pour l’Eglise catholique, chutant à 93 464, mais il s’agissait de l’année des confinements liés à la pandémie. Pour l’institution, la flambée des baptêmes d’adultes et d’adolescents ne compense pas pour le moment, la déchristianisation de la société française.