En résumé :
- Le pape François est mort ce lundi 21 avril à 88 ans. «Ce matin à 7 h 35, l’évêque de Rome, François, est revenu à la maison du Père», a annoncé le Vatican dans un communiqué.
- Le pontife argentin était sorti de l’hôpital le 23 mars après avoir été hospitalisé pendant 38 jours pour une pneumonie bilatérale, sa quatrième et plus longue hospitalisation depuis le début du pontificat en 2013.
- Dimanche, à l’occasion des célébrations de Pâques, il était apparu très affaibli. Il s’était toutefois offert un bain de foule en papamobile au milieu de milliers de fidèles sur la place Saint-Pierre, après avoir délégué la lecture de son texte à un collaborateur, ne pouvant prononcer que quelques mots, la voix essoufflée.
Une sépulture «simple», «sans décoration» : les dernières volontés du pape. Dans un court testament publié par le Vatican, le pape François, exprime ses dernières volontés : être inhumé de façon «simple» dans une basilique de Rome dédiée au culte de Marie. Dans ce texte daté du 29 juin 2022, le jésuite argentin demande une sépulture «sans décoration», avec pour seule inscription, son nom en latin : «Franciscus».
Droite et gauche à hommages variables pour le pape. De François Hollande à Bruno Retailleau, l’ensemble de l’échiquier politique a réagi à la mort du jésuite ce lundi 21 avril. Pape menant une «bataille culturelle» sur l’environnement et les migrants versus «homme de paix»… Les différents bords politiques ont des jugements contrastés sur le défunt souverain pontife.
A Buenos Aires, «il nous représentait en tant qu’Argentins, mais surtout en tant que pauvres». Les habitants de la capitale argentine, d’où Jorge Mario Bergoglio était originaire, se succèdent dans la cathédrale pour saluer la mémoire de «leur» pape. Reportage.
La une du journal de mardi.
Perdimus papam. C'est la une de Libération mardi. Le pape François est mort lundi à 88 ans, après un pontificat engagé sur les pauvres, les migrants et l’écologie mais décevant sur les questions sociétales.
— Libération (@liberation.fr) 21 avril 2025 à 19:28
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Après la mort du pape François, un protocole bien rodé au Vatican : constatation du décès, organisation des funérailles, conclave… Une fois la mort du souverain pontife constatée, c’est le branle-bas de combat : neuf jours de deuil puis une vingtaine pour élire son successeur. En attendant qu’un nom émerge, c’est le cardinal camerlingue Kevin Farrell qui assurera l’intérim. Décryptage.
Selon le Vatican, le pape François est mort d’un AVC. Le pape François a succombé à un accident vasculaire cérébral qui a provoqué un coma et une défaillance cardiocirculatoire irréversible, selon son certificat de décès publié ce lundi par le Vatican. «Le décès a été constaté par enregistrement électrocardio-thérapeutique», indique ce document signé par le directeur du département de la santé et de l’hygiène du Vatican, le professeur Andrea Arcangeli.
Après la double pneumonie, le dernier tour de piste du pape François. Ces dernières semaines, le souverain pontife, affaibli, avait multiplié les apparitions publiques. A la prison romaine de Regina Coeli, la messe des Rameaux du 13 avril, celle du Jubilé des malades, jusqu’à son bain de foule en papamobile sur la place Saint-Pierre dimanche 20 avril, la veille de sa mort : ces apparitions visaient à montrer un souverain pontife, certes diminué, vulnérable et même négligé – trois jours plus tôt il était apparu à la basilique Saint-Pierre vêtu d’un simple pantalon noir, d’un poncho argentin, sans calotte blanche et avec sa canule à oxygène – mais encore en mesure d’assurer le magistère de l’Eglise. Par Eric Joszef.
La mort du Pape François, ou le signe d’un monde qui bascule. Le dernier chef d’Etat que le Pape a reçu, dimanche pour une brève salutation privée à Sainte-Marthe, est le vice-président américain, J.D. Vance. Au-delà des convenances diplomatiques, ces deux-là étaient d’implacables ennemis. Dimanche, aux portes de la mort, on a vu François, pape des pauvres, du peuple et des migrants, embrasser d’un œil inquiet le monde. Par Bernadette Sauvaget.
L’hommage de Messi. Le footballeur le plus décoré de l’histoire ne pouvait pas ne pas réagir à la mort de son compatriote. Lionel Messi s’est fendu d’une story sur son compte Instagram, partageant une photo où il apparaît avec le pape, légendée ainsi : «Un pape singulier, proche, argentin. Repose en paix, Pape François. Merci d’avoir rendu le monde meilleur. Tu vas nous manquer.»
Que fait un camerlingue ? Il est celui qui s’est avancé au micro pour annoncer la mort du pape François, ce lundi matin. Le cardinal américain Kevin Farrell, fidèle collaborateur du défunt dirigeant, servira d’intérimaire jusqu’à la désignation d’un nouveau souverain pontife, à l’issue du conclave. D’ici là, après avoir présidé au rite de la certification du décès et la mise en bière du corps du pape, ce lundi à 20 heures, il dirigera les réunions dédiées à l’organisation des funérailles de François, et supervisera l’organisation de l’élection de son successeur. Farrell, 77 ans, avait été créé cardinal par François en 2016, la même année où cet ancien aumônier avait été propulsé à la tête du dicastère (le ministère au Vatican) en charge des Laïcs, de la famille et de la vie. Il avait accédé au poste de camerlingue en février 2019, poste qu’il double depuis janvier 2024 de président de la Cour suprême de l’Etat et de la Cité du Vatican. Comme camerlingue, il sera accompagné dans la gestion des affaires courantes par trois cardinaux, et il aura la possibilité de demander à tous les départements du Vatican les informations nécessaires à l’exercice de ses fonctions.
EN IMAGES - François, un pape sur tous les fronts et toutes les frontières. Cuba, Rio, Lampedusa, l’Irak et le Mexique. Grand voyageur, le Saint-Père a multiplié les visites lors de son pontificat, préférant les «marges» aux capitales diplomatiques. L’œil de Libé est à retrouver ici.
Le club de San Lorenzo en deuil. Equipe favorite de François, le club argentin de football s’est fendu d’un long post sur X pour rendre hommage à son «Cuervo», rappelant son numéro d’abonné, «n°88235». Le Ciclón, surnom de ce club club fondé par des jésuites, salue la fidélité du pape, «Cuervo quand il était prêtre et cardinal… Cuervo aussi comme pape».
Un message de la concurrence. Le patriarche Kirill, proche soutien du président russe Vladimir Poutine, a estimé que le pontificat de François, décédé lundi à l’âge de 88 ans, avait marqué «une étape importante» dans les relations entre les églises catholique et orthodoxe russe, notoirement éloignées depuis près d’un millénaire. Les deux chefs religieux s’étaient rencontrés en 2016 à Cuba, une première historique entre un pape et un patriarche orthodoxe depuis le schisme de 1054 entre les Eglises d’Orient et d’Occident.
Drapeaux en berne aux Etats-Unis. Il y a des effets que seul le deuil peut produire. Après la mort du pape, à qui il a souhaité de «reposer en paix», Donald Trump a décidé de prolonger l’hommage en ordonnant que les drapeaux soient mis en berne en l’honneur du Saint-Père, «un homme bon», selon le président américain. Un changement net de la part du président américain qui, en soutenant son projet de mur à la frontière américano-mexicaine, avait suscité l’ire de François, qui n’a jamais caché tout le mal qu’il pensait des politiques migratoires et discriminantes du milliardaire. Lequel, en 2016, avait jugé les accusations «honteuses».
Mélenchon «partage la tristesse et l’émotion des chrétiens». Le fondateur de LFI a écrit quelques lignes d’hommage au souverain pontife depuis son compte X, où il a partagé sa «reconnaissance pour sa contribution à la difficile résistance morale au génocide des Palestiniens à Gaza et son aide dans les luttes de libération des peuples d’Amérique latine». Jusque dans son dernier discours, dimanche 20 avril jour de Pâques, François avait dénoncé la «situation humanitaire dramatique et ignoble» sur le territoire palestinien bombardé par Israël. Dans un livre publié en novembre 2024, le Saint-Père avait appelé à une étude «minutieuse» pour déterminer si la situation à Gaza «correspond [ait] à la définition technique» du génocide, suscitant la colère d’Israël.
Le pape François en photos.
Les chrétiens de Gaza pleurent la mort du pape. Des chrétiens palestiniens de la bande de Gaza pleurent la mort du souverain pontife, qui s’adressait très régulièrement par appels vidéo à la petite communauté chrétienne du territoire palestinien en proie à la guerre. Dimanche encore, jour de Pâques, il a dénoncé la «situation humanitaire dramatique et ignoble» à Gaza et appelé une nouvelle fois à un cessez-le-feu, dans un message lu par un collaborateur depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre de Rome. «J’attendais toujours d’entendre les paroles du Saint-Père. Je le regardais à la télévision, il nous donnait de l’espoir à travers ses messages et ses prières», explique Elias Al-Sayegh, 49 ans, un habitant de la vieille ville de Gaza qui a assisté à des appels du pape. «Avec la disparition du pape, nous avons l’impression […] qu’une lumière d’amour et de paix s’est éteinte. Malgré la distance qui nous sépare du Vatican, sa voix a toujours atteint nos cœurs - il a constamment appelé à la paix et à la justice», abonde George Ayad, 67 ans, habitant lui aussi à Gaza.
L’élection du successeur. Profondément renouvelé, le collège des cardinaux a été modelé par François pour atténuer la mainmise européenne. L’élection du prochain pontife pourrait présenter des surprises.
Disparition du pape
François, ce pape que l’extrême droite n’aimait pas. Incarnation d’une Eglise catholique universaliste, solidaire des migrants, Jorge Mario Bergoglio a toujours été critiqué par l’extrême droite. Les réactions des principaux responsables du Rassemblement national et de Reconquête ! après son décès en témoignent. Sur X, Marine Le Pen n’a pas pris la peine de citer son nom, écrivant un message laconique : «Décès du pape. Une figure spirituelle s’éteint, laissant derrière elle un héritage de foi, de paix et de dialogue. Pensées pour la communauté catholique endeuillée par sa disparition.» Sa nièce Marion Maréchal, pourtant catholique revendiquée, ne s’est pas étalée davantage : «Le Pape François a rejoint Dieu ce lundi de Pâques. Paix à son âme.» Chez Reconquête !, Eric Zemmour s’est montré plus dur encore, estimant que «pour certains catholiques, son pontificat fut une épreuve dans leur foi dans l’Eglise». Plus franches sur leur pensée que les responsables en vitrine, les marges de l’extrême droite ont mis les pieds dans le plat. Sur Europe 1, Philippe de Villiers a assuré que l’on «doit respecter la mort d’un pape». Avant de commenter : «Comme chef d’Etat, je lui fais deux reproches. Le premier c’est qu’il a toisé la France. Il lui a montré du mépris. […] Il voyait d’un bon œil l’islamisation de l’Europe.» Seul Jordan Bardella, au RN, qui affirmait en 2023 ne pas être croyant, s’est montré un peu plus prolixe, mentionnant sur X un pontificat «marqué par une attention constante portée aux oubliés et à la dignité des plus fragiles».
L’épiscopat français salue un pape ayant «appelé l’humanité à croire en la fraternité». Le pape mort lundi a «marqué la pratique pastorale de l’Eglise par son style simple, encourageant» et son soutien au «dialogue entre les religions», a rappelé Eric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France (CEF). Face à la crise écologique, il a «appelé à soigner «la maison commune»», a-t-il poursuivi, en soulignant «son appel plein de gravité et d’émotion à ce que notre pays et les autres pays européens ne perdent pas leur âme en se fermant aux migrants».