Action coordonnée en différents points d’Ile de France ou un même groupe d’auteurs qui se sont déplacés dans la métropole parisienne ? «Une même équipe» est soupçonnée d’avoir procédé la semaine dernière à différents marquages d’étoiles de David à Paris et dans sa banlieue «en un seul périple», indique ce lundi 6 novembre le parquet de la capitale, concernant ces tags dont le caractère antisémite n’est pas établi à ce stade.
Plusieurs dizaines d’étoiles de David ont été découvertes mardi 31 octobre au matin, taguées sur des façades d’immeubles du XIVe arrondissement parisien mais aussi dans d’autres endroits à Paris et en banlieue, à Saint-Ouen, Saint-Denis, Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), ou encore à Vanves et Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). La Première ministre Elisabeth Borne avait dénoncé des «agissements ignobles», y voyant comme de nombreuses personnalités politiques des actes antisémites.
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Dans un premier temps, trois enquêtes avaient été ouvertes à Bobigny, Nanterre et Paris, pour dégradation du bien d’autrui aggravée par la circonstance qu’elle a été commise en raison de l’origine, la race, l’ethnie ou la religion. Les trois ont finalement été regroupées à Paris, annonce le parquet de la capitale, qui précise que «les investigations se poursuivent».
L’éventuel motif antisémite en question
Elles doivent notamment s’attacher à déterminer le motif derrière ces marquages. «Ces pochoirs ont été marqués sur des façades, de manière manifestement indifférente à ce que les bâtiments abritaient. Il n’est donc pas établi que cette étoile ait une connotation antisémite, mais cela ne peut être écarté d’emblée», développe le parquet. Pour qui il apparaît «nécessaire d’investiguer également sur l’intention sous-jacente à ces tags, notamment au regard du contexte géopolitique et à son retentissement au sein de la population en France».
Dimanche 5 novembre, sur BFMTV, le préfet de police Laurent Nuñez a évoqué une «affaire atypique par rapport aux autres actes antisémites» et chiffré le nombre d’appositions de cette étoile à 250. Il a confirmé qu’une «équipe d’auteurs qui semble plutôt bien se coordonner» était dans le viseur des enquêteurs, et avait «la volonté que ces étoiles soient vues». Il disait déjà que certaines étoiles avaient été apposées sur «certains immeubles où ne vivait pas de membres de la communauté juive». D’après lui, 257 actes antisémites ont été recensés dans l’agglomération parisienne et 90 personnes interpellées, depuis le 7 octobre, début du conflit entre le Hamas et Israël.
Le 27 octobre, un homme de 33 ans et une femme de 28 ans avaient été interpellés dans le Xe arrondissement de Paris pour «dégradation aggravée par le fait qu’elle a été commise en raison de l’origine ou de la religion» après qu’un riverain les a vus taguer une étoile de David bleue. Mais comme les deux suspects sont de nationalité Moldave et en situation irrégulière en France, le parquet indique que «la procédure judiciaire a fait l’objet d’un classement au motif “sanction d’une autre nature” (en l’espèce leur placement au centre de rétention administratif en vue de leur expulsion du territoire)».