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Religion

Fin du ramadan ce dimanche 30 mars : ce qu’il faut savoir de l’Aïd el-Fitr, la «petite fête» des musulmans

La célébration de la rupture du jeûne dans la religion musulmane est fixée cette année au dimanche 30 mars par le Conseil français du culte musulman. Tournée vers le partage, la prière, «la petite fête» se distingue de la «grande fête» de l’Aïd el-Kebir, en juin.
Rupture du jeûne à Stains en région parisienne, en avril 2023. (Dragan Lekic/Hans Lucas)
publié le 8 avril 2024 à 18h08
(mis à jour le 28 mars 2025 à 21h56)

Pour les musulmans de France et du monde, la fin du ramadan approche. C’est bientôt la fin du mois sacré avec la fête religieuse de l’Aïd el-Fitr, la «fête de la rupture». Date, célébrations, cérémonial, symbolique… Libé s’est penché sur cette fête religieuse, qui chaque année arrive un peu plus tôt.

Quand a lieu l’Aïd el-Fitr ?

Le Ramadan a débuté cette année le 28 février. Il doit s’achever 29 ou 30 jours plus tard, en fonction du calendrier lunaire islamique. Sa rupture est célébrée par l’Aïd el-Fitr. Cette fête symbolise aussi le premier jour du dixième mois de ce calendrier (le mois de chawwal) durant lequel les musulmans les plus pieux pratiquent six jours de jeûne supplémentaires. En France, le Conseil français du culte musulman (CFCM), qui s’appuie sur des données astronomiques, a annoncé le 24 mars sur X avoir arrêté la date de l’Aïd el-Fitr au dimanche 30 mars.

Car connaître le premier jour du chawwal n’a rien d’une science exacte. Dans le Coran, le prophète Mahomet explique que l’observation des nouvelles lunes est le seul moyen de fixer les dates des évènements religieux importants. Dans un hadith (un commentaire oral du prophète), il aurait également ajouté que l’observation d’un nouveau quartier de lune est nécessaire pour déterminer le début et la fin du mois de ramadan : «Jeûnez quand vous voyez le croissant […] Et rompez votre jeûne à la vue du croissant.» Cette observation se fait lors de la «nuit du doute» qui se déroule cette année ce samedi 29 mars. Selon un autre hadith, si deux témoins musulmans au moins, aperçoivent le nouveau croissant, le jeûne peut être rompu.

Cette méthode originelle fait donc varier la date de la fête en fonction de la position géographique de l’observateur. Ce qui a mené le CFCM à adopter des outils de mesures modernes et plus précis.

Quels rituels pour l’Aïd el-Fitr ?

Pour les musulmans, l’Aïd el-Fitr est avant tout une fête de partage et de solidarité, notamment envers les pauvres. Dans cette optique, le fidèle doit, en amont de la rupture de son jeûne, s’acquitter d’une aumône la «Zakat al-Fitr» qui doit permettre aux plus démunis de ne pas avoir à mendier pour préparer leur repas. Le montant de ce don varie en fonction des autorités religieuses et du contexte socio-économique. Le CFCM l’a fixé cette année à 9 euros. Elle « doit être versée aux personnes dans le besoin, sans distinction de religion », précise le CFCM.

Qui dit événement religieux dit… prière. Appelée la «Salat al-Eid», elle doit être collective, et avoir lieu en début de matinée dans une mosquée ou en extérieur dans un espace dédié, le «musalla». La rupture du jeûne a lieu ensuite, en famille ou entre amis. L’Aïd, qui peut autant se traduire par «fête» que par «festival» ne se limite pas aux seuls musulmans. Les vœux peuvent s’échanger avec des non-croyants ou des enfants. La nourriture est opulente, entre galettes fourrées aux amandes, aux pistaches (vrais ou fausses) ou aux noix. En Turquie, la «fête du Ramadan» est également surnommée «Şeker Bayramı», soit… «la fête du sucre». Au Maghreb, on y trouve des beignets frits au miel ou au sirop, et au Moyen-Orient, de la crème de lait.

Quelle différence entre l’Aïd el-Fitr et l’Aïd el-Kebir ?

Si elle est surnommée la «petite fête» des musulmans, c’est parce que l’Aïd el-Fitr se distingue de la «grande fête», l’Aïd el-Kebir, dite aussi l’Aïd al-Adha, la «fête du sacrifice». Elle se tiendra le jeudi 5 juin. Elle célèbre la fin du «hajj», le pèlerinage de plusieurs millions de musulmans à La Mecque, en Arabie saoudite. On y cuisine une grande diversité de plats à la viande, principalement du mouton, revisités d’une multitude de manières.

L’Aïd el-Kebir commémore un épisode religieux commun entre la Bible et le Coran. Le moment où Ibrahim Abraham dans la tradition chrétienne , accepte de sacrifier son fils sur ordre de Dieu. Arrêtant son geste par l’intermédiaire de l‘archange Jibrīl Gabriel , Dieu substitue un mouton au fils. Pour une partie des musulmans, le sacrifice de cet animal lors de l’Aïd el-Kebir symbolise l’hommage à la foi d’Ibrahim. La pratique du sacrifice de moutons n’est pas pour autant imposée par les textes sacrés, elle peut être remplacée par un jeûne ou un don aux pauvres. Elle est depuis de nombreuses années sujette à polémiques en France, notamment issues de la droite, de l’extrême droite et d’une partie des associations de protection des animaux.