«La mélancolie a toujours été une compagne de ma vie – pas tout le temps, bien sûr, mais elle constitue une part de mon âme, un sentiment qui m’accompagne. […] Elle revient de temps en temps, c’est un lieu où je me trouve parfois et que j’ai appris à reconnaître. Elle a son utilité : elle me permet de m’arrêter, de clarifier les choses. La brume, le brouillard de l’existence est un lieu de relation», confiait le pape François dans son autobiographie, Espère, parue en janvier 2025, 4 mois avant sa mort. Etait-ce cela qui avait donné au jésuite argentin – qui confessait également son attrait pour le tango ou le cinéma, celui de Fellini en particulier –, un amour immodéré de la littérature ? Dans l’histoire de l’Eglise, jamais un pape n’avait autant dévoilé son attrait pour les romans et la poésie. Car pour l’accompagner dans sa mélancolie, François conviait, selon ses propres confidences, Verlaine, Hölderlin ou Rilke.
De Proust au «Monde de Narnia»
La littérature était à ce point centrale pour le pape qu’à l’été 2024, il avait publié une lettre consacrée à la littérature et à «son rôle dans la formation», passée inaperçue à cause des Jeux olympiques. Il y citait Marcel Proust – «le moins religieux des écrivains», selon William Marx, professeur au collège de France –, son compatriote Jorge Luis Borges, qu’il connaissait