Pour que l’Eglise catholique prenne enfin au sérieux l’affaire et que la vérité éclate, il a fallu que le destin de deux femmes se croise, échangeant d’abord sur leurs créations artistiques, avant de devenir amies et camarades de combat. «Sans Flore (1), jamais je n’aurais trouvé le courage de parler. J’avais trop peur, peur de tout perdre, mon mari d’abord», lâche Marie (1). A l’abri d’une discrète arrière-boutique du Mans (Sarthe), la quadragénaire a préparé un déjeuner, préférant la sécurité d’un lieu familier au risque de s’afficher au restaurant. «J’ai puni mon corps», dit-elle, évoquant les 20 kilos pris ces dernières années. Marie, souvent au bord des larmes, passe la main dans ses cheveux, regrettant ceux beaux et lisses perdus «par grappes» après les violences subies. «Je vais bien», répète-t-elle, sans doute pour ne pas inquiéter son entourage et se défendre de ses chagrins.
Lorsque l’on rencontre Flore chez elle, en cet après-midi d’hiver, à Rennes (Ille-et-Vilaine), le soleil inonde le salon. Posée, calme, Flore sert le café, propose des chocolats. Quelques heures plus tard, elle écrira pourtant, dans un SMS, qu’elle appréhendait «cette rencontre, ayant peur de devoir retourner dans du lourd». Ce qui lie le destin de Flore et de Marie, c’est leur rencontre avec Benoît Moulay, âgé aujourd’hui de 54 ans, membre de