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«Je ne travaille avec aucun juif» : l’influenceuse Poupette Kenza dans le viseur de la justice après des propos antisémites

Dans une story Instagram publiée mercredi 15 mai, l’influenceuse au 1,5 million d’abonnés a déclaré «je suis propalestinienne, je ne travaille avec aucune personne sioniste ou juive». Des propos qui ont valu la suspension temporaire de son compte Instagram et une saisine de la justice.

L'influenceuse Poupette Kenza lors du Festival de Cannes, le 19 mai 2023. (Daniele Venturelli/WireImage. Getty)
Publié le 16/05/2024 à 17h05

«Je suis une propalestinienne, je ne travaille pour aucune personne sioniste ou juive […] Je n’ai aucun partenaire, aucun agent qui est juif.» Ce sont les propos qu’a tenus l’influenceuse Poupette Kenza, de son vrai nom Kenza Benchrif, dans une story Instagram mercredi 15 mai auprès de son 1,2 million d’abonnés. Très vite, ils ont été relayés sur ce réseau mais aussi sur X, suscitant de nombreuses critiques pour leur antisémitisme. Plus tard dans la soirée, la jeune femme de 23 ans a rétropédalé en story : «Je me suis mal exprimée, j’ai dit que je ne travaillais pas avec les juifs. Je n’ai rien contre les juifs, je n’ai rien contre les chrétiens, je n’ai rien contre les musulmans. C’est juste contre les sionistes et ceux qui financent le génocide […] contre ceux qui cautionnent et défendent ça». Peu de temps après dans la soirée de mercredi, son compte Instagram est devenu inaccessible, avant de réapparaître dans l’après-midi de jeudi.

Dans la matinée de jeudi, la ministre chargée de la lutte contre les discriminations Aurore Bergé a publié sur X un texte accompagné d’une capture d’écran de la story de Poupette Kenza : «Boycotter des femmes et des hommes en raison de leur identité ou religion, c’est évidemment illégal. Une “influenceuse” s’est à nouveau illustrée récemment. Face à l’antisémitisme, au racisme, je ne laisserai rien passer. La Dilcrah [Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, ndlr] sera chargée de faire un signalement au procureur de la République».

L’influenceuse s’estime «jetée en pâture à des fins politiques»

Aussitôt dit, aussitôt fait, la Dilcrah a effectivement signalé au procureur de la République les propos de Poupette Kenza. L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a également annoncé sur X déposer plainte pour «incitation à la haine et à la discrimination» ce jeudi 16 mai.

Une fois son compte Instagram rétabli, Poupette Kenza a publié un texte sur le réseau social, s’excusant auprès de «toutes celles et ceux que mes propos ont légitimement pu heurter, choquer ou indigner». Plus loin, elle explique qu’avec ces mots, elle voulait «simplement [dire] que je ne souhaitais pas avoir de collaboration commerciale avec une société qui soutiendrait le massacre en cours sur le territoire palestinien», et déplore la saisine du procureur de la République par la Dilcrah à la demande d’Aurore Bergé. «Il est lamentable et dangereux que le gouvernement français m’utilise et me jette en pâture à des fins politiques, et ce alors que je subis déjà une vague de harcèlement préoccupante.» Elle témoigne en effet de nombreux messages violents, ainsi que de menaces de mort et de viol reçus depuis mercredi.