Reposant sur sa joue gauche, le Christ, endormi dans la mort, a les yeux fermés. Modeste par sa taille, la tête sculptée émeut par son expression. «Il y a une sérénité bouleversante qui se dégage», remarque l’archéologue Christophe Besnier, qui l’a découvert en 2022 à Notre-Dame de Paris. La barbe est finement dessinée, les cheveux ondulent, rehaussés par la polychromie. «On a l’impression que les yeux vont bientôt s’ouvrir», s’émerveille Damien Berné, conservateur du patrimoine, en charge des sculptures au musée de Cluny à Paris. Il fait remarquer que la tête sculptée a encore son nez, rectiligne à la forme parfaite. «C’est très rare. Les sculptures perdent généralement leur nez», explique-t-il.
L’exposition «Faire parler les pierres, sculptures médiévales à Notre-Dame» (1), présentée au musée de Cluny (2), présente pour la première fois au public trente fragments sculptés parmi lesquels ce «Christ dormant», issus de l’incroyable moisson des archéologues à la cathédrale après l’incendie. Lors de leur fouille, il y a deux ans et demi, ils ont retrouvé une partie du jubé médiéval, chef-d’œuvre de la sculpture du Moyen Age, mis en place vers 1220-1230 pour séparer le chœur de la nef. «Il était admiré par les princes de toute l’Europe. A cette époque, les at