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Bilan

La Cour des comptes salue la rénovation de Notre-Dame mais souligne plusieurs défis restants

Dans son dernier rapport sur le chantier de la cathédrale paru ce mercredi 3 septembre, l’institution souligne des délais et un budget respectés, tout en pointant des coûts de fonctionnement doublés et en formulant quelques doléances.

La cathédrale Notre-Dame en cours de reconstruction en juillet 2023. (Philippe Turpin/Photononstop via AFP)
Par
Max Blanc
Publié le 03/09/2025 à 10h17

«Je veux que cela soit achevé d’ici cinq années. Nous le pouvons !» Le 16 avril 2019, au lendemain de l’incendie de Notre-Dame, Emmanuel Macron avait affirmé sa volonté de remettre à neuf la cathédrale au plus vite. Un pari presque tenu par le président français avec une cérémonie de réouverture en grande pompe le 7 décembre 2024, en présence d’une quarantaine de chefs d’Etats.

Ce mercredi 3 septembre, la Cour des comptes dévoile le troisième volet de son rapport sur la mue de l’édifice francilien (après 2020 et 2022). De manière générale, elle salue une rénovation menée dans les temps et surtout dans les frais escomptés.

Une dernière phase pour traiter les «pathologies antérieures à l’incendie»

Jusqu’à présent, deux des trois phases de ce chantier colossal ont été menées à bien grâce à une collecte de fonds record, supérieure aux estimations réalisées en 2020 : 855 millions d’euros ont été récoltés, aussi bien auprès de grandes entreprises que de mécènes anonymes.

Entre 2019 et 2021, la première étape de sécurisation et de consolidation de Notre-Dame a été bouclée pour 150,3 millions d’euros. Par la suite, de 2022 à 2024, la rénovation complète des zones affectées par les flammes a permis la réouverture de la cathédrale. Cette deuxième partie, au coût de 552 millions, s’est déroulée «conformément au calendrier et au budget établis», d’après la Cour des comptes.

Dans son compte rendu, l’autorité juridique souligne le caractère exemplaire de ces travaux : «Même si le chantier est exceptionnel, des leçons pourraient être tirées par le ministère de la Culture en termes de pilotage et de gestion financière pour d’autres grands chantiers de monuments historiques.»

Désormais, la rénovation va entrer dans sa dernière phase, ayant pour but de traiter les «pathologies antérieures à l’incendie» et de réaliser une restauration d’ensemble de la cathédrale et de ses abords. Celle-ci, estimée à 140 millions d’euros, sera uniquement financée par des grands mécènes et des entreprises donatrices.

A terme, l’installation de nouveaux dispositifs de protection incendie, d’équipements plus performants et la croissance prévisible des charges de fonctionnement de Notre-Dame devraient entraîner des dépenses annuelles à hauteur de 5,27 millions d’euros. Un montant estimé au double de ce qu’il était avant l’incendie.

Penser à long terme

Pour la Cour des comptes, le bon déroulement de ce chantier a aussi reposé sur la création de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris (EP-RNDP). Fondé le 28 novembre 2019, l’organisme public a supervisé l’arrivée des travaux en lien avec les autres acteurs du projet. Selon la loi, l’EP-RNDP devrait être dissous à l’issue des rénovations, en 2028. Dans son rapport, la Cour des comptes insiste sur la nécessité de bien gérer cette transition et de planifier un programme d’entretien à long terme pour éviter de nouvelles dégradations qui pourraient altérer la réussite immédiate.

Les sages de la rue Cambon glissent également quelques doléances. Ils demandent notamment la reprise du projet de «musée de l’œuvre». Un lieu d’exposition annoncé par Emmanuel Macron en 2023 qui devrait prendre place dans l’Hôtel-Dieu, situé aux abords de la cathédrale, et dont la construction a été gelée. Ce musée devrait servir à conserver et à valoriser le patrimoine lié à Notre-Dame. La Cour souhaite aussi qu’un tri soit fait parmi les vestiges récupérés lors des fouilles archéologiques sur le site et les débris de l’incendie, dont l’abondance et le stockage sont jugés trop coûteux.

Enfin, l’institution réitère une demande émise dans son rapport de 2022 : élaborer une norme applicable aux chantiers patrimoniaux confrontés à la présence et à l’emploi du plomb. A l’heure actuelle, il n’existe pas de cadre juridique à ce propos en France malgré les risques sanitaires entraînés par cet élément métallique. Un flou qui peut «accroître significativement les coûts de restauration et de fonctionnement, sans que la réelle utilité des mesures ne soit démontrée».