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Haine

La ministre de l’Enseignement supérieur envisage une enquête sur l’antisémitisme à l’université

Sylvie Retailleau a réagi à une étude commandée par l’Union des étudiants juifs de France à l’Ifop, qui montre que 91 % des sondés déclarent avoir déjà été victimes d’actes antisémites dans le cadre de leurs études.
Sylvie Retailleau, lundi. (Mehdi Fedouach/AFP)
publié le 29 septembre 2023 à 12h44

Après la publication d’une étude Ifop commandée par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, Sylvie Retailleau a réagi sur France Culture, jeudi 28 septembre, affirmant que la France «a les outils pour agir». La ministre de l’Enseignement supérieur a également ouvert la porte à une «enquête». Dans cette étude menée auprès de 237 étudiants de confession juive – échantillon restreint qui appelle à la prudence – 91 % des sondés déclarent avoir déjà été victimes d’actes antisémites dans le cadre de leurs études, que ce soit par le biais d’une remarque véhiculant des stéréotypes, d’une «blague» sur la Shoah ou les juifs, d’une injure, ou même d’une agression.

Dans le détail, 7 % des étudiants juifs sondés disent avoir déjà été victimes d’une agression physique à caractère antisémite, dont 3 % à plusieurs reprises. 43 % affirment avoir déjà subi une attaque relative à Israël (agression physique, menaces verbales). Un peu moins de la moitié (45 %) a été au moins une fois victime d’une injure antisémite. Le plus souvent les étudiants juifs se disent victimes de plaisanteries ou de remarques antisémites : une blague «potache» sur la Shoah ou les juifs (80 %), remarque véhiculant des stéréotypes sur les juifs (89 %). Ces actes antisémites se déroulent dans les locaux de l’université ou de l’école (67 %), sur les réseaux sociaux (32 %), dans le cadre d’un cours (27 %) ou encore lors d’une soirée étudiante (24 %).

«Travailler sur des solutions concrètes contre la haine»

Pour l’UEJF, ce sondage montre que «l’antisémitisme est le quotidien des étudiants juifs». «Nous ne pouvons plus regarder ailleurs», alerte-t-elle sur X (anciennement Twitter). Un constat partagé par Sylvie Retailleau sur France Culture : «Ce sentiment d’être ciblé est juste intolérable. Sur ces points-là – racisme, antisémite et plus largement discrimination – c’est tolérance 0, affirme la ministre. Dans tous les établissements, [on a] des référents contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. Le ministère anime ce réseau de référents. Donc [la réponse] est structurée.» La ministre de l’Enseignement supérieur met aussi en avant le travail de l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans l’enseignement supérieur. «Pour avoir un peu plus d’informations, d’objectivation», elle envisage donc une enquête qui s’appuierait sur cet organe «indépendant ou sur les référents».

La ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, Bérangère Couillard, s’est également dite «préoccupée» jeudi, annonçant qu’elle allait prochainement recevoir l’UEJF «pour travailler sur des solutions concrètes contre la haine».