Donald Trump s’est empressé de féliciter Léon XIV, le premier souverain pontife originaire des Etats-Unis tout juste élu ce jeudi 8 mai. «Quelle excitation et quel grand honneur pour notre pays», a-t-il écrit jeudi sur son réseau, Truth Social, se disant «impatient» de rencontrer le nouveau pape.
Le nouveau chef de l’Eglise catholique – de son vrai nom Robert Francis Prevost – n’a pourtant jamais caché sa défiance envers le président américain, et ce dès le premier mandat de celui-ci à la tête des Etats-Unis. Sur ce qui était encore Twitter, le cardinal partageait ses désaccords dès 2015, avant même l’élection du milliardaire. Ainsi, il republiait un éditorial du Washington Post intitulé «Pourquoi la rhétorique anti-immigrés de Donald Trump est si problématique», rédigé par le cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York.
Profil
En 2017, le catholique partageait également un texte du président de la Conférence des évêques américains qui s’opposait fermement au décret anti-immigration de Trump interdisant le territoire américain aux ressortissants de six pays, pour la plupart à majorité musulmane. «Nous pensons qu’aujourd’hui plus que jamais, l’accueil des nouveaux arrivants et des réfugiés est un acte d’amour et d’espoir», était-il écrit dans cette lettre.
Plus récemment, en février dernier, Robert Francis Prevost retweetait un article à charge contre le vice-président des Etats-Unis, intitulé «J.D. Vance a tort : Jésus ne nous demande pas de hiérarchiser notre amour pour les autres». J.D. Vance, converti au catholicisme en 2019, à 35 ans, avait affirmé qu’il existait «un concept chrétien selon lequel il faut aimer sa famille, puis son prochain, sa communauté, ses concitoyens, et ensuite donner la priorité au reste du monde».
«C’est plus qu’un Etats-Unien»
Quelques jours plus tard, toujours à l’adresse de J.D. Vance – qui a choisi comme patron saint Augustin, théologien qui a inspiré l’ordre des augustiniens dont fait partie Léon XIV –, le nouveau pape retweetait un article sur la lettre du pape François adressée au numéro 2 américain. Un texte qui rappelle que l’Evangile «nous demande à tous en matière d’immigration», c’est-à-dire d’«aimer notre prochain».
Signe que Léon XIV s’inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur, le président colombien de gauche, Gustavo Petro, a salué son élection. «C’est plus qu’un Etats-Unien», a-t-il écrit sur X, en référence aux années passées au Pérou par Robert Francis Prevost. «J’espère qu’il sera le grand leader des peuples migrants dans le monde et qu’il encouragera nos frères migrants latino-américains, aujourd’hui humiliés aux Etats-Unis», a ajouté le dirigeant, alors que l’administration Trump veut expulser les ressortissants de son pays.
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Enfin, le nouveau chef de l’Eglise catholique s’est ouvertement exprimé sur la nécessité d’agir face au changement climatique, selon The College of Cardinals Report, géré par des religieux américains. D’après ce site, Léon XIV a récemment souligné que l’Eglise doit passer de la parole aux actes, mettant en garde contre les conséquences «néfastes» d’un développement technologique incontrôlé.
En contradiction totale, donc, avec le président Trump, sa technophilie sans limite et ses reculs environnementaux. Dont les partisans, à l’instar de l’activiste islamophobe et complotiste Laura Loomer, n’ont pas tardé à tirer leurs conclusions, qualifiant le nouveau patron des catholiques de… «PAPE MARXISTE WOKE».