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Faits divers

L’ex-prêtre Bernard Preynat, condamné pour des agressions sexuelles sur mineurs, est mort

Pédocriminalité dans l'Eglisedossier
L’homme de 79 ans avait écopé en 2020 de cinq ans de prison pour des agressions sexuelles sur mineurs qui avaient éclaboussé la hiérarchie du diocèse de Lyon. Il est mort à son domicile de Saint-Etienne dimanche 23 juin.
Bernard Preynat à son procès à Lyon, le 13 janvier 2020. (Bruno Amsellem/Libération)
publié le 24 juin 2024 à 7h41

Remis en liberté sous bracelet électronique «depuis quelques semaines», l‘ex-prêtre Bernard Preynat, 79 ans, a été trouvé mort dimanche 23 juin à Saint-Etienne. Le parquet a confirmé que le corps sans vie de l’ancien prêtre a été trouvé dans sa salle de bains. Une enquête en recherche des causes de la mort a été ouverte «même s’il n’y a rien de suspect sur son corps qui sera examiné par un médecin légiste d’ici quelques jours».

L’homme avait été condamné en 2020 à cinq ans de prison pour des agressions sexuelles sur mineurs, pour d’innombrables agressions sexuelles commises entre 1971 et 1991 sur des scouts âgés de 7 à 15 ans alors qu’il était aumônier de Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône). Lors de son procès, la procureure Dominique Sauves l’avait accusé d’avoir «brisé» des vies et de s’être «servi du silence des parents et du silence de l’Église» pour multiplier ses abus. Un des avocats des parties civiles avait estimé le nombre d’agressions entre 3 000 et 4 000.

Maintenu en fonction par le diocèse de Lyon jusqu’à l’automne 2015 alors que ses agissements étaient connus depuis longtemps, le père Preynat avait demandé pardon aux neuf victimes venues témoigner de leurs souffrances. Beaucoup d’autres n’ont pu porter plainte du fait de la prescription. Après avoir renoncé à faire appel, l’homme avait été incarcéré en 2021 au centre pénitentiaire de Saint-Etienne-La Talaudière, dans la Loire.

L’ancien aumônier n’a été défroqué qu’en 2019 à l’issue d’un procès canonique, une décision très tardive aux yeux des victimes, symbole du malaise de l’Église face à cette affaire qui a scellé le sort du Primat des gaules, le cardinal Philippe Barbarin. Condamné en 2019 pour ses silences sur ces actes, à l’issue d’un procès retentissant, l’ancien archevêque de Lyon a été relaxé en appel. Il a toutefois préféré démissionner du diocèse et est aujourd’hui aumônier en Bretagne.

«On ne savait pas qu’il était sorti»

Le combat de l’association de victimes du père Preynat, La Parole libérée, a inspiré le film Grâce à Dieu de François Ozon sorti en 2019. Un ancien membre de cette association, dissoute en 2021, s’est dit «très surpris d’apprendre» sa mort. «Châtiment divin peut-être, on est un dimanche», a réagi Pierre-Emmanuel Germain-Thill, abusé par Bernard Preynat. «On ne savait pas qu’il était sorti, possiblement pour raisons de santé. Même si cela avait été le cas, la moindre des choses, c’était de nous en informer», a-t-il ajouté, en évoquant chez lui «une petite note de colère vis-à-vis de la justice». Le quadragénaire a souligné que «c’était un soulagement de pouvoir clôturer tout cela», et souhaite que «cette histoire puisse aider les gens à agir contre ce fléau qu’est la pédophilie, pas que dans l’Eglise».

Dans un rapport d’octobre 2021, la commission Sauvé sur les violences sexuelles dans l’Eglise catholique a estimé à 330 000 le nombre de personnes ayant fait l’objet de violences sexuelles depuis 1950, quand elles étaient mineures, de la part de clercs, religieux ou personnes en lien avec l’Eglise.