Elle milite inlassablement en faveur de l’aide active à mourir depuis le décès douloureux de sa mère il y a vingt ans. Line Renaud réagit pour Libération après l’annonce dans nos colonnes par Emmanuel Macron d’un projet de loi sur la fin de vie, qui sera présenté en Conseil des ministres en avril.
Le président Emmanuel Macron annonce ce dimanche dans Libération et la Croix un projet de loi qui ouvre l’accès à l’aide active à mourir en France. Comment réagissez-vous ?
Quelle merveille ! Je suis tellement heureuse que le président de la République ait pris cette décision ! Tellement heureuse ! Quand les médecins, la famille, les proches d’un malade savent qu’il n’y a plus rien à faire, que c’est une question de mois, et que ces derniers moments vont être une souffrance, alors il faut l’aider à mourir.
Comment jugez-vous le terme choisi par Emmanuel Macron d’«aide à mourir» plutôt que le «suicide assisté» ?
«Aider à mourir», c’est vraiment le bon terme. Ma mère est morte il y a plus de vingt ans dans d’horribles souffrances qui ont duré quatre mois. Quand elle souffrait, elle criait. Elle me disait : «Fais quelque chose, je voudrais mourir.» Je ne pouvais rien faire. Je demandais aux médecins de la soulager, mais aucun médicament ne suffisait. Si l’aide à mourir avait alors existé, je n’aurais jamais eu l’impression de la «suicider», j’aurais arrêté ses souffrances, c’est tout.
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Vous vous êtes engagée pour qu’Emmanuel Macron réforme la loi sur la fin de vie. Avez-vous l’impression d’avoir contribué à sa décision ?
J’ai apporté ma pierre à l’édifice, pas plus. J’en ai parlé beaucoup, sur les plateaux de télévision, dans la presse, partout. Mais je n’ai aucune responsabilité dans ce choix. Je suis heureuse, c’est tout.
Vous avez aujourd’hui 95 ans, êtes-vous rassurée que cette loi existe alors que votre fin de vie n’est plus si loin ?
Vous savez, je vais bien. Je marche, je reçois, j’ai toute ma tête. Dieu merci, aujourd’hui, je n’ai pas besoin de cette aide à mourir, mais un jour peut-être. Je suis ravie que cette loi existe pour les personnes qui en ont besoin. Vous savez, il m’arrive de rêver la nuit que je m’en vais, et à chaque fois, c’est très doux, très bon. Comme si on me faisait une piqûre d’anesthésie, j’aimerais mourir comme cela.